Ce lundi 20 mai 2019, la Fédération Française de Karaté dévoile son nouveau site internet ffkarate.fr «relooké» et restructuré afin…
Les 5 points à retenir des «France Kata»
Des minimes aux seniors, les filles et les garçons, en individuels comme par équipes, ils se sont exprimés ces deux premiers jours d’avril à Reims, rivalisant de concentration et de maîtrise pour terminer sur les podiums des championnats de France kata. Que faut-il retenir de ces championnats ? Voici les cinq points essentiels, établis avec l’adjoint aux équipes de France, Ayoub Neghliz.
1 – Enzo Montarello passe en mode supérieur
Chez les seniors masculins, cela fait déjà plusieurs années que l’on compte sur cet élégant technicien provençal, champion de France en 2015, désigné officieusement comme celui qui allait prendre le relais du grand Minh Dack, vainqueur encore des championnats de France 2016 devant William Geoffray et finaliste des championnats d’Europe, sa treizième médaille continentale successives. Dans l’ombre de ce géant, il n’était jamais parvenu à s’imposer comme une évidence, sinon en tête de proue du formidable trio champion d’Europe en titre. Mais, cette fois, c’est fait. Minh Dack a fini par laisser le champ libre, William Geoffray a pris ses distances avec la compétition. Le Marseillais a survolé la compétition, assumant avec autorité ce statut de leader national individuel à conquérir. En finale, il retrouve, comme lors de la dernière coupe de France, l’aîné des Ngoan, Kewin qui doit s’incliner par 5-0. Enzo Montarello est désormais le patron en individuel du kata français et sera présenté comme tel lors du prochain championnat continental. Les objectifs sont désormais à ce niveau pour lui, avec, notamment, la qualification pour les Jeux olympiques, qui débutera en janvier 2018 en ligne de mire.
2 – Le titre pour Feracci, retour magistral pour Jessica Hugues
Chez les seniors féminines, la hiérarchie place à nouveau en tête Sandy Scordo, la double finaliste des championnats du monde 2012 et 2014, titulaire des prochains championnats d’Europe. Alexandra Feracci, qui lui avait été préférée lors des championnats du monde 2016, est la solide n°2. Sur ce championnat de France, en l’absence de Scordo, au repos forcé pour une légère blessure, c’est d’ailleurs elle, la technicienne corse, qui assure son statut et prend la médaille d’or, comme lors des trois grands rendez-vous nationaux précédents. Mais la surprise, et donc l’événement, c’est le retour en finale, et au premier plan par la même occasion, de Jessica Hugues. Jessica Hugues ? L’une des membres d’un trio magique qui, en 2012, avait emporté une très inattendue médaille d’or aux championnats d’Europe de Ténérife et une splendide médaille de bronze lors des championnats du monde à Paris dans la foulée. La nouvelle venue qui avait alors tout déclenché par sa fraîcheur, c’était elle, Jessica Hugues, accompagnée de Sonia Fiuza et Clotilde Boulanger (présente aussi à Reims ce week-end, voir par ailleurs). Mais c’était aussi elle qui se blessait très gravement quelques temps plus tard aux cervicales, passant tout près de l’accident fatal. Elle est donc finalement revenue à ses amours kata, autorisation des médecins en poche et c’est une excellente nouvelle. Déjà présente à l’Open de Paris, elle avait été réintégrée dans le collectif, parce que c’était elle, et parce que c’était un exploit déjà, d’être de retour sur le tapis. Un peu à la surprise générale, la voici en finale de ces championnats de France après trois mois de compétition ! Son retour prend corps, devient un vrai enjeu sportif. Elle s’affiche désormais en rivale, avec une envie folle de remonter le temps, de reprendre la course. Une des meilleures nouvelles de l’année pour le karaté français.
3 – Micky Mrozek confirme son titre européen juniors
Quand ils étaient minimes – cadets, c’était Franck Ngoan, pur talent précoce, qui attirait les commentaires flatteurs. Mais le Charentais Micky Mrozek n’était jamais loin sur le podium – et même parfois déjà devant, comme lors de la coupe de France 2014, en cadets. Si Franck Ngoan est toujours là aujourd’hui, en solide espoir du karaté français, et avec un potentiel intact, il n’a pour l’instant pas réussi à exprimer son potentiel lors de ses sélections internationales. Et pour leur première en juniors, c’est Micky Mrozek qui emportait la coupe l’année dernière, reléguant Franck à la troisième place. Sélectionné « pour voir » aux championnats d’Europe de Sofia en février dernier, le jeune technicien du Mabushi Veigne confirmait d’un coup un talent brut à forte valeur ajoutée en emportant le titre. Le plus dur dans ce cas, surtout à cet âge, c’est de revenir pour confirmer la dimension prise. Sans même forcer son talent, à Reims, il réaffirmait le 5-0 infligé à la coupe de France à Franck Ngoan par un 4-1 presque aussi net. Champion d’Europe et champion de France juniors en 2017, après l’or de la coupe l’année dernière… le début d’une série partie sur des bases exceptionnelles. Ayoub Neghliz dit de lui : « Il a tout compris par rapport à la compétition. Il croit en ce qu’il fait, il élève son niveau par rapport aux événements et aux adversaires. C’est un vrai guerrier qui amène un état d’esprit à l’équipe de France ». Flatteur.
4 – L’arrivée des espoirs sur le podium seniors
Ni Ahmed Zemouri – battu 3-2 par Kewin Ngoan et à nouveau en repêchages par Grégory Arnaud, ni Lucas Jeannot, sorti par Sorey Morassi sur le score serré de 3-2 ne se hissaient sur le podium seniors. C’était un peu la même conjonction chez les filles avec l’élimination des sœurs Bui, Lila dès le premier tour devant Aurélie Pelatan, Marie par 3-2 devant Jessica Hugues… et une autre revenante en repêchages, Clotilde Boulanger, venue faire ce championnat et finalement troisième. Ils étaient sans doute déjà un peu la tête ailleurs, les membres des trios engagés sur le prochain rendez-vous européen… Mais c’était l’occasion chez les garçons de voir arriver d’autres membres d’un trio en réussite : celui des espoirs, avec Kewin Ngoan et Loïck Tranier, et chez les filles, Pauline Bouchet, titulaire en espoirs l’année dernière. Une bonne dynamique qui s’engage pour le karaté français avec, déjà, un soupçon de concurrence pour les membres du trio vice champion du monde par équipes ?
5 – Un duel de princesses à venir ?
Si Louise Frieh tarde à « impacter » le niveau international, elle peut s’honorer de tirer un tracé presque parfait au niveau national, avec un seul échec sur les huit derniers rendez-vous nationaux qu’elle a honorés, gagnant la coupe de France 2013 et les championnats 2014 en minimes, la coupe aussi 2014 et 2015, les championnats 2015 en cadettes, la coupe 2016 et donc les championnats 2017 en juniors ! Ne lui manque que les championnats 2016 en cadettes, qu’elle perdait en finale contre Marine Ozanne. Oui, mais dans ce sillage formidable, un autre se dessinait, à un an d’intervalle et quasi aussi impeccable : celui de Léa Pons, victorieuse deux fois en minimes et deux fois en cadettes au niveau national, confirmant à Reims sa victoire à la coupe de France, deux fois devant la même adversaire, la Provençale Ines Ulrich. À la différence de Louise Frieh, Léa Pons a emporté une médaille européenne en février à Sofia en se hissant en finale, une performance que n’avait pas réalisé non plus Laëtitia Feracci, Lila Bui ou Noémie Goze. Il faut remonter à… Jessica Hugues pour trouver la trace, aux championnats du monde 2009, d’une médaille française pour une cadette en kata. Bon signe. Quoi qu’il en soit, Léa Pons est donc restée sur la lancée de cette belle prestation continentale en emportant son dernier championnat en cadettes. La voici désormais juniors, et en opposition directe aves son aînée, Louise Frieh. Ça va chauffer.
Le staff kata se renforce
Le staff de l’équipe de France kata se renforce avec l’arrivée de Stéphane Mari, deux fois médaillé européen derrière le phénomène Mickaël Milon en 1999 et 2000, déjà en observation à Reims pour aider à la préparation des championnats du monde des équipes jeunes, rôle dans lequel il secondera Ayoub Neghliz.
Photos : Denis Boulanger / FFKDA