Thierry Eon, la voix du karaté
Il y a quelques semaines, son timbre chaleureux résonnait dans l’antre de Coubertin pour accompagner l’entrée en lice des athlètes, leurs succès et les podiums qui s’en sont suivis le dimanche. Lui ? Thierry Eon, quadra breton passionné de sport et passionnant micro en main.
LES MONDIAUX DE BERCY, L’UN DES PLUS BEAUX MOMENTS DE MA VIE
« Quand la Fédération a été choisie pour accueillir les championnats du monde de 2012, elle s’est mise en quête, avec son comité d’organisation, d’un présentateur sportif. J’ai postulé et j’ai eu la chance d’être retenu. Je connaissais déjà Bercy, mais pas l’ambiance du karaté, une discipline qui, pour moi, se cantonnait jusque là aux films qui me faisaient vibrer plus jeune. J’ai vraiment apprécié la convivialité, l’esprit d’équipe et la ferveur, pour ce qui reste l’un des plus beaux moments de ma vie. Surtout que je me devais de me transcender car des membres du CIO étaient annoncés dans l’optique de l’intégration du karaté au programme olympique. »
« Si je me lance, ce sera en kata par équipes. »
PLUTÔT COMBAT AU DÉBUT…
« Ça me parlait davantage car cela ressemblait à ce que je voyais à la télévision, une opposition directe entre deux personnes. Et c’est ce qui me plaisait. Mais en tant que fan de sport, je suivais toute l’actualité du karaté et j’ai appris à découvrir le kata. De ces athlètes, il se dégage quelque chose de particulier, on se sent comme aspiré par leur travail. Ma préférence ? Le kata par équipes qui m’a aidé à appréhender le kata dans sa globalité. »
…MAIS PRÊT À SE METTRE AU KATA
« Si j’ai longtemps pratiqué le tennis (cofondateur de l’Open de tennis de Rennes en 2006, il officie depuis quelques années comme speaker n°2 à Roland-Garros, NDLR) et que je m’adonne actuellement à la course à pied, il y a de fortes probabilités que je me mette un jour au karaté. Et si j’avais à choisir, j’opterais pour le kata par équipes, car j’aime bien la dimension scénographique. Il y a là un vrai parallèle avec mon métier, puisqu’il faut ambiancer et animer dans les deux cas. Mais de là à passer à la pratique, il me faudra encore un peu de temps… »
UN FIDÈLE DE L’OPEN DE PARIS
« Dans la foulée de Bercy 2012, j’ai été sollicité pour l’Open de Paris 2013. Et depuis, je ne veux plus manquer un événement karaté, tant j’affectionne cette ambiance, les gens aussi. Je me sens bien au karaté. Je m’y suis attaché et, chaque année, quand je reviens à Coubertin, c’est comme si la précédente édition s’était terminée la veille. Je retrouve les mêmes personnes, avec le même sourire et la même passion. Cette compétition me plaît, comme cette proximité avec le public. J’ai également eu le bonheur d’officier aux championnats d’Europe de Montpellier l’an passé, où ce fut, comme à chaque fois, intense. C’est ce qui fait le charme de présenter et d’animer le karaté. »
Magnifique édition des championnats d'Europe Karaté à l'@Arena_Mtp ! Merci @ffkarate https://t.co/MtROes5mYt pic.twitter.com/K5jiY6U0hs
— Thierry EON (@AGENCE3NEO) 12 mai 2016
LA CRAINTE D’ÉCORCHER DES NOMS
« Avec cinq tatamis et de nouveaux combats à annoncer toutes les trois minutes, la quantité de noms prononcés sur un Open de Paris est incalculable. Surtout vu les origines diverses des athlètes, qui me rajoutent des problématiques pour maîtriser mon élocution. C’est une vraie pression, mais c’est aussi ce qui rend la chose agréable, passionnante. J’ai donc deux personnes avec moi pour avoir des yeux partout et ne rien louper. Mon ambition première est que les karatékas et le public comprennent immédiatement quand j’annonce un combat. Et quand les spectateurs, les compatriotes ou les partenaires de clubs se lèvent et encouragent aussitôt, ça me donne toujours des frissons. Après, si je prononce mal le nom de quelqu’un, je sais que la personne va venir me voir gentiment pour me demander de rectifier. »
« Je cherche toujours à cerner au mieux les enjeux de la compétition.»
IMPRESSIONNÉ PAR LEUR MENTAL
« Contrairement à des disciplines comme le marathon qui possède une dimension de temps, le karaté est comme une succession de finales à chaque combat. Alors, quand je vois la quantité d’entraînements que s’infligent les athlètes, je suis impressionné par leur mental. Surtout quand ils l’emportent, avec la satisfaction d’avoir réussi ça tout seul, un peu face à eux-mêmes quelque part, même s’il y a le soutien du coach sur la chaise, après des mois et des mois de travail. Et puis il y a des athlètes qui ne me laissent pas insensibles, comme la star Aghayev qui possède un tel regard… Les compétiteurs de ce niveau sont des êtres exceptionnels, qui doivent être mis en avant à chacune de mes interventions. Pour cela, je cherche toujours à cerner au mieux les enjeux de la compétition, pour me conditionner, et je regarde en amont des combats et des katas pour réhabituer mon œil. »
PARIS 2024, UN RÊVE
« En tant que passionné de sport, je m’occupe de douze disciplines sur près d’une cinquantaine d’évènements chaque année. Mais je rêverai d’aller encore plus loin dans le karaté. Et que rêver de mieux que de le présenter aux Jeux olympiques de 2024 à Paris ? Ce serait tout simplement génial… »