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MasterKlass à la caribéenne
La Martinique organise son développementDu 6 au 8 juillet, se sont tenus trois jours de stage en Martinique, une « MasterKlass » avec cinq experts fédéraux et différentes disciplines représentées. Une première importante et réussie sur l’île. Et si le karaté était bien sûr au coeur du week-end, il a aussi beaucoup été question d’échanges et d’enrichissement réciproque.
Les palmiers plantés autour du complexe rappellent aux experts débarqués de métropole qu’ils sont bien dans les Caraïbes. Pourtant, personne n’est venu pour le tourisme, et l’Institut Martiniquais du Sport, inauguré en 2013 avec un magnifique dojo, s’apprête à résonner des kiaï, des karatégis qui s’ajustent et du bruit des pieds qui claquent sur les tapis. Une île, six hauts gradés et trois disciplines (Karaté, yoseikan budo, krav maga), voilà pour le programme de cette première MasterKlass – avec un « K » comme karaté – organisée en Martinique. « Si je devais qualifier le thème de ce stage, ce serait arts martiaux et développement humain », pose d’entrée Hugues Micholet, arbitre mondial qui avait la responsabilité d’ouvrir les séances pratiques. L’humain, thème déjà au centre des discussions de la veille lors d’un cénacle organisé dans le splendide cadre de la villa Chanteclerc, à Fort-de-France. Entre les murs de bois blanc de cette ancienne maison créole, les experts ont longuement échangé avec un public averti. « Je retiendrai cet enthousiasme, cette envie de partage », confie Éliane Glondu, 6e dan et fondatrice du club Okinawa-Te Tropic sur l’île. « Il y avait des karatékas, des pratiquants de krav maga, des judokas aussi », reprend Hugues Micholet. « Et tout le monde était attentif au fait que la pratique, même sportive, doit déboucher sur autre chose que le simple résultat », poursuit l’ancien champion de France des lourds. Des valeurs du karaté dans la vie quotidienne jusqu’au sport santé pour les plus âgés : une table ronde comme une mise en bouche avant de monter sur les tatamis.
Cinq experts, une même envie
« Ici, on échange, on partage…. Hajimé ! » La voix claire de Hugues Micholet, portée par le micro qu’il arbore à la manière d’un commentateur télé, donne le signal pour des pratiquants qui répondent en échangeant de franches accolades. Échange, partage, les mots reviennent comme un mantra tout au long de ce premier week-end de juillet. Plus que de technique, on va aussi beaucoup parler de pédagogie et posture vis-à-vis de la pratique avec tous les experts présents.
Aller au-delà de la discipline et élargir son horizon, fût-il magnifique dans la Caraïbe. « Nous voulions sortir un peu des sentiers battus, explique Sophie Sorrente, présidente de la ligue de Martinique (notre photo ci-dessous avec Hiroo Mochizuki), organisatrice de l’événement. Faire quelque chose qui permette à chacun de s’enrichir dans sa pratique. Nous avons réussi ce pari d’attiser la curiosité martiale de chacun, de les pousser à voir ce qui se passe ailleurs, dans les autres disciplines. » Sortir d’une routine, d’une zone de confort, de quelques certitudes, c’est aussi pour cela que krav maga et yoseikan budo étaient au programme en complément des séances dédiées à l’arbitrage, à la technique pure et à l’art du combat.
Un levier formidable
Un programme riche qui a séduit si l’on en croit les visages très attentifs lorsque Hiroo Mochizuki, 10e dan et fondateur du yoseikan budo, s’est exprimé devant quatre-vingt-dix paires d’yeux et d’oreilles aux aguets. « C’est vraiment super pour nos jeunes de pouvoir côtoyer de si près de tels experts (parmi lesquels figuraient également Alexandre Biamonti et Éric Benhamou, NDLR), de leur poser des questions, d’avoir cet échange direct », s’enthousiasme Éliane Glondu. « Depuis la Martinique, tout déplacement est vite onéreux. Tout le monde n’a pas les moyens d’aller assister à des stages avec des hauts gradés en métropole. Lorsqu’ils viennent à nous, ça nous rapproche de l’Hexagone, ce sont le savoir et l’expérience qui viennent à nous », se félicite celle qui est l’une des grandes figures du karaté sur l’île. Pendant cette MasterKlass, cette technicienne a d’ailleurs dirigé une séance consacrée au kata, axée sur la stabilité et l’importance des rotations. Mais, là encore, la pratique était prétexte à faire plus, à voir plus loin. « Je tiens vraiment, à travers l’art martial, à enseigner des valeurs éducatives, à travailler avec les parents et le système éducatif par exemple, insiste la 6e dan. Le sport, et le karaté en particulier, sont des atouts et des outils incroyables pour canaliser notre jeunesse, la faire grandir, élever notre société. La pratique, c’est une expérience qui va compter dans le parcours personnel de chacun. »
Une première qui en appelle d’autres
« C’est important aussi de montrer que la Martinique est un endroit où le karaté compte », appuie le 8e dan Hugues Micholet, originaire de l’île même s’il a grandi en métropole. La Martinique a passé la barre des 1400 licenciés (pour 386 000 habitants), organise depuis cinq ans un bel Open de la Caraïbe, et souhaite évidemment encore grandir, emmenée par une présidente qui se qualifie elle-même « d’éternelle insatisfaite ». « Un tel stage, ça ne s’était jamais fait en l’état en Martinique, mais nous voulons vraiment redynamiser la pratique », confirme Sophie Sorrente. Elle en tire un bilan positif, tant sur la fréquentation (au moins 30-40 participants à chaque créneau, un pic à 90) que sur la qualité des interventions. Et pense déjà à la suite. « Il y a cinq ans, on se serait dit que mettre en place une telle MasterKlass aurait été impossible en Martinique. Nous avons réussi à force de volonté. Maintenant, nous réfléchissons déjà à comment faire mieux pour la prochaine édition ». Les bases, en tout cas, sont solides.
Gaëtan Delafolie / Sen No Sen