Ce lundi 20 mai 2019, la Fédération Française de Karaté dévoile son nouveau site internet ffkarate.fr «relooké» et restructuré afin…
Dix ans d’histoire
Cérémonie des voeux des hauts gradésRéunis le 5 janvier, les haut gradés français fêtaient les nouveaux impétrants et célébraient dans le même temps le dixième anniversaire d’une cérémonie qui voyait l’élévation d’un nouveau 9e dan. Leurs témoignages.
La belle salle Awazu de l’Institut du Judo était presque trop petite ce samedi 5 janvier au soir pour accueillir les haut gradés de la FFKaraté réunis pour la dixième cérémonie qui leur était consacrée. Ouverte par le Secrétaire Général Alcino Alves Pires qui saluait la présence amicale de Jean-Luc Rougé, le Président de la Fédération Française de Judo, la cérémonie était lancée par le Directeur Technique National qui évoquait la première du genre, dix ans plus tôt, et se réjouissait de l’enrichissement constant du nombre de hauts gradés du karaté et des disciplines associées et encourageait la nombreuse assemblée à continuer le travail, « à sans cesse chercher à s’améliorer pour ne pas se dégrader ». Le président de la Fédération, Francis Didier, proposait une réflexion sur le dojo et le club, dans laquelle il rappelait les enjeux traditionnels et rigoureux du dojo, mais exaltait, dans le même temps, la dimension sociale du club, la nécessité de créer le lien solidaire de la vie associative et de toujours « rayonner dans la société par l’exemple ». Les nouveaux hauts gradés de l’année écoulée se voyaient ensuite invités à rejoindre l’estrade pour être félicités par leurs pairs, et parmi eux Patrice Belrhiti (notre photo, au côté de Francis Didier, NDLR), élevé au grade de 9e dan.
«C’est une nouvelle mission, plus élevée, plus exigeante encore.» Patrice Belrhiti
Tirer tout le monde vers le haut
Sixième dan en 2018, le Nivernais Jean-Luc Doisne appréciait à sa juste valeur la reconnaissance de ses années de pratique et surtout celle qui était faite par la même occasion à ses élèves. « Ce sont eux qui m’ont poussé et cette marque de respect que l’on m’offre, elle leur revient. Quant à cette soirée, elle est impressionnante quand on voit qui la compose. Elle m’inspire juste le sentiment profond de devoir m’inscrire dans la continuité.» Jean-Marie Goffin, secrétaire de la ligue de Normandie et nouveau 7e dan allait aussi dans ce sens.
« Ce sont les plus hauts grades qui ont décidé de mon passage au grade supérieur. Je pense surtout à ceux à qui j’enseigne. Cette reconnaissance est une dynamique générale, un moteur pour tirer tout le monde vers le haut. Cela dit aussi que le travail permet les progrès. Ici, je vois certaines personnes une fois par an depuis une décennie, mais j’ai l’impression de partager quelque chose de fort et d’important avec eux. Quant à moi, mes enfants sont élevés, ma carrière professionnelle est désormais derrière moi. Je peux donc enfin vivre en toute liberté cet engagement. C’est une sorte de plénitude.»
La valeur de l’engagement des anonymes
L’élévation a un grade aussi élevé que le 9e dan n’est pas fréquente. Héros de la soirée, Patrice Belrhiti en était aussi l’un des animateurs, offrant à la tribune, avec humour et bonhommie, les anecdotes de sa jeunesse de pratiquant que lui demandait le président Francis Didier. Il n’en était pas moins ému et « honoré par cette distinction grandiose, à laquelle je n’aurais pu imaginer parvenir. Je suis sur un nuage ce soir ». Un aboutissement ? « J’ai surtout l’impression d’un nouveau départ. C’est une nouvelle mission, plus élevée, plus exigeante encore. J’ai mesuré dans ma région l’aura de cette reconnaissance. Quand j’étais champion, c’était quelques lignes dans le journal local, mon 8e dan n’a pas vraiment attiré l’attention. Cette fois, on m’offre la première page et les politiques de ma ville ne tarissent pas d’éloges. C’est flatteur, mais c’est un peu choquant aussi. Car j’ai travaillé pendant trente-trois ans comme directeur du centre aquatique de Sarrebourg et cela ne m’a valu aucun égard. Il y a aussi beaucoup de valeurs à l’engagement d’une vie de ceux qui restent anonymes. Je n’oublie pas ça ».
En 1957, il n’y avait rien
Le dernier mot ne pouvait revenir qu’au premier de tous, le dixième dan Hiroo Mochizuki, promenant sur les invités du soir un regard souriant et riche de toute son expérience. « C’était si… imprévisible. Quand je suis arrivé en 1957, il n’y avait rien. Pas même un partenaire pour démontrer. Je cassais des planches et des briques, les gens s’inscrivaient et me demandaient au bout de quelque temps quand ils allaient commencer eux aussi à casser des choses. Je me souviens d’une démonstration un jour à Limoges, je faisais un kata et les spectateurs étaient pliés de rire à la fin ! Ce n’était pas méchant, mais c’était si étranger, si loin de ce qui leur était connu à l’époque… Alors, quand je vois cette soirée… C’était impossible d’imaginer le développement à venir ».
Emmanuel Charlot / Sen No Sen