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L’esprit du wado-ryu
Quatre enseignants en prise avec le développement de la disciplineCoupe de France en Savoie pour le « wado » en cette fin février. Des médailles et des performances, mais aussi, toujours, l’expression du style d’Hironori Ôtsuka dont les professeurs assurent l’héritage, comme en témoignent Marjorie Lock (5e dan, Karaté Do Sarralde), Didier Braillon (5e dan, Karaté Club Albens), Cédric Cattanéo (3e dan, Wado Sho Karaté Club Roquevaire) et Richard Hény (6e dan, Karaté Club de La Ravoire).
Transmission. « Notre sincérité dans la transmission, c’est la place centrale que nous faisons aux katas. La maîtrise des principes donne des certitudes que les élèves transposent ensuite en combat. Nous faisons aussi beaucoup d’exercices pour optimiser les phases de mouvements qui nous sont spécifiques, car c’est lui qui génère de l’énergie qui amène elle-même l’efficacité » explique Cédric Cattanéo. Pour Didier Braillon et Richard Hény, elle passe, entre autres, par les kihon kumite : « les anciens nous ont laissé de nombreux supports de travail, explique le second. Les kihon kumite, trente-six attaques et trente-six défenses, en font partie. Tout comme les « Tanto Tori », les formes de travail au couteau (cinq défenses), les « Itori », formes de travail à genoux et les « Ohyo kumite », composées d’enchaînement de plusieurs mouvements (il y en a huit). Dans mon club, j’ai mis en place un cours réservé aux ceintures marron et noires qui souhaitent passer leur grade. À travers l’apprentissage et le perfectionnement des techniques pour les épreuves, j’en profite pour transmettre toute la richesse du wado-ryu à des karatékas confirmés, qui ont soif de détails et sont dans une démarche d’apprentissage sur le long terme. »
Polyvalence. « Le wado a cet avantage d’être adapté à toutes les morphologies : Hironori Ôtsuka, le fondateur du style, vient du ju-jitsu, qui est l’art d’utiliser la force de son adversaire pour la retourner contre lui-même. La puissance n’est donc pas un critère discriminant pour être performant. Dans notre club, cela se concrétise par une parité parfaite entre hommes et femmes, dans nos cours de wado-ryu », note Marjorie Lock. « Pas besoin de grandes capacités musculaires ou athlétiques puisqu’on n’est pas dans la percussion mais plus dans l’absorption et l’efficacité au corps-à-corps » analyse Cédric Cattanéo.
Distance. « Il n’y a pas de spécificité du wado-ryu par rapport au shotokan sur cette thématique au moins au début du combat, pose Didier Braillon. Le wado possède aussi dans son patrimoine des balayages et des amenés au sol. Utiliser ces derniers va donc impliquer une réduction de la distance avec l’adversaire. Une prise de risque qui se devra d’être calculée dans la maîtrise des enchaînements et des combinaisons ». Ce que confirme Eric Cattanéo : « la richesse du wado-ryu se trouve aussi dans le travail de distance. Nous ne sommes pas que dans la dimension « percussion ». Il nous faut être au plus près de l’adversaire pour le projeter. Entrer dans l’espace de son adversaire demande confiance en soi et engagement total, qui est un axe fort de l’entraînement. »
Posture. « Nous sommes plus hauts sur les jambes que le style shotokan afin de pouvoir se déplacer et esquiver, avec un gros travail des hanches qui dirige les épaules. Nous avons donc besoin d’être dynamiques et très coordonnés au niveau du bas du corps. J’utilise plusieurs exercices de « crossfit » pour travailler ça, comme les échelles de rythme. Au niveau des exercices de base, je mets souvent en place un travail en trois temps : esquive, puis esquive contre-attaque, et enfin, travail en « sen no sen » c’est-à-dire anticipation de l’action adversaire pour apporter une réponse immédiate la plus efficace possible », explique Marjorie Lock.
Principes. « Fluidité, absorption, substitution… », liste Didier Braillon au moment de décrire les grands principes du style, lui dont le club est la cheville ouvrière de cette Coupe de France. Marjorie Lock recourt, elle, à la métaphore de la corrida : « le wado-ryu c’est un peu le toréador qui provoque le taureau, l’esquive avec maîtrise, souplesse voire une certaine grâce, pour le piquer dans la foulée ». Richard Hény évoque, de son côté, plutôt l’image du surf et de la glisse : « la vague la plus puissante finit toujours par se casser sur la plage. Mais nous, à l’image du surfer, devons la « dompter » en nous adaptant à son mouvement, profiter de son inertie et ne pas lui faire face car le rapport de force sera toujours en sa faveur. » Richard Hény précise : « le wado est fondé sur trois fondamentaux : naru : attaquer ; nagasu : bloquer, esquiver, absorber ; inasu : prévoir ce que va faire l’adversaire et choisir la réponse la plus adaptée à cette attaque pressentie. Cela, c’est la quintessence de notre karaté. Quelle que soit notre expression, y compris la compétition sportive, ces principes doivent s’y exprimer dans la forme. »
Thomas Rouquette / Sen No Sen
Photos CD Savoie de Karaté