Ce lundi 20 mai 2019, la Fédération Française de Karaté dévoile son nouveau site internet ffkarate.fr «relooké» et restructuré afin…
« Europe » : les 10 moments forts (2/3)
Le destin, celui d’un championnat, d’une carrière, et même d’une vie, bascule sur un moment précis. Parfois c’est une image, celle qui restera dans la mémoire et qui le marquera de son caractère… Voici le deuxième volet de ce florilège des « moments » de Kocaeli 2017. (Le premier est à retrouver ici).
4- Le mawashi-geri de Jovana Prekovic
La France se dirigeait tout droit vers sa deuxième médaille d’or, et Lucie Ignace vers son troisième titre continental d’affilée en -61kg. Finaliste européenne espoirs et médaillée de bronze déjà aux championnats d’Europe seniors en 2016, cette Serbe était à craindre. Mais avec beaucoup d’efficacité, la double championne d’Europe et championne du monde en titre était parvenue à glisser juste sous l’attaque de Jovana Prekovic pour toucher au corps. Une première frappe limpide, suivie d’une seconde à dix secondes de la fin. Le pur schéma du combat maîtrisé… et c’est à ce moment que tout a dévissé. Le temps est figé à sept secondes au compteur. La Serbe s’élance, Ignace a déjà été pénalisée trois fois et ne peut plus sortir… La jambe s’élève et touche ! C’est le mawashi qui tue, à trois secondes du titre. « Je sais que je prends parfois des touches bêtes à la fin des combats » avouera à chaud la double championne d’Europe et vice championne du monde 2016. Des « touches bêtes » qui ont de grandes conséquences. La première ? Offrir l’or pour la première fois à une combattante serbe. Sur ce coup de pied, Jovana Prekovic rejoint Slobodan Bitevic, champion d’Europe 2015 (il fut aussi champion du monde individuel et par équipes en 2010 à Belgrade avec Dejan Umicevic). Un peu d’histoire du karaté qui passe dans une frappe réussie… et prive Lucie Ignace d’un troisième titre continental consécutif, une performance exceptionnelle qui l’aurait fait tutoyer quelques légendes.
5- Turquie, la confirmation
C’est sans doute en battant en finale l’Italienne Sara Cardin (-55kg), championne du monde 2014 et championne d’Europe en titre, que Tuba Yakan a fait basculer le destin de la Turquie. Dans la foulée Burak Yugur (-67 kg), vice champion d’Europe 2015, devenait champion d’Europe 2017 en battant le Russe Gutnik en finale, et sans même rencontrer cette année son rival Steven Da Costa, qu’il aurait dû prendre au second tour, et apportait la troisième médaille d’or. Un succès que les deux équipes combat en finale allaient renforcer par un titre, celui des garçons. La Turquie à quatre médailles d’or et quatorze médailles en tout laisse l’Italie et l’Espagne à trois titres et emporte largement le classement des nations. C’est la seconde fois que cela lui arrive, malgré l’échec d’Istanbul en 2015 (deuxième nation derrière l’Espagne, avec deux titres seulement pour onze médailles). La première fois c’était en 2013 à Budapest. On peut le dire, cette montée en puissance se fait au détriment des trois puissances européennes, Espagne, Italie et France… mais de la France surtout. Depuis la fin de la grande domination française en 2004, l’Espagne, forte de son kata indestructible, a gagné le classement des nations en 2005, 2006, 2008 et 2015. Presque inexistante en combat, elle résiste sur sa capacité à prendre entre deux et quatre médailles d’or techniques à chaque fois. L’Italie, beaucoup plus équilibrée dans ses forces, a gagné en 2007, 2010, 2011, 2012 et 2014. Et la France ? Elle n’a repris le leadership qu’une fois depuis, chez elle en 2016. La Turquie est performante partout et sait renouveler son élite. Plus « grave », si l’on peut dire, sa force s’étend désormais au kata, qu’elle colonise avec détermination depuis plusieurs années. S’il faut noter qu’elle a raté les mondiaux 2016 – une seule médaille-, elle était présente sur un podium kata en 2011, 2012, sur deux en 2013, 2014, trois en 2015, 2016… et la voici sur les quatre podiums du kata en 2017. Ses représentants en individuel, Dilara Bozan et Ali Sofuoglu ont tous les deux pris des drapeaux aux représentants espagnols les triples champions d’Europe et médaillés mondiaux 2016 Sandra Jaime Sanchez et Hugo Damian Quintero. Attention, la fusée turque est bien lancée. Reste pour elle à confirmer au niveau mondial.
6- Les trois drapeaux d’Heydarov
Nouveau venu en individuel senior après le long bail de Minh Dack, Enzo Montarello avait pour objectif de s’étalonner face aux meilleurs européens, l’Espagnol Hugo Damian Quintero et l’Italien Mattia Busato, en espérant éviter le piège turc. Battre par exemple l’Italien en demie pour affronter l’Espagnol en finale, c’était la meilleure façon pour ce champion d’Europe juniors et espoirs de s’installer sur le long terme. Mais en quarts, il y avait l’obstacle Roman Heydarov. Un jeune Azerbaïdjanais carré, surpuissant, et au style propre. Un vrai danger… qui allait faire chuter l’espoir français pour trois drapeaux. Un drapeau du mauvais côté et de lourdes conséquences. Adieu veaux, vaches, cochons, couvées… Montarello était éliminé et aucun représentant masculin français ne sera sur le podium cette fois, ce qui est bien la première fois depuis le début des années 90 ! Avant Minh Dack, Joël Carpin et Stéphane Mari, et avant encore, Yves Bardreau, la légende Mickael Milon, Laurent Riccio avaient assuré cette présence. On ne peut pas parler de faute, ou d’erreur fatale. Enzo Montarello a un potentiel magnifique et réussira peut-être, on le lui souhaite, à devenir champion d’Europe seniors comme il l’a été en juniors et en espoirs, ce que n’est jamais parvenu à faire Minh Dack. Mais, pour l’instant, celui qui est installé depuis désormais deux ans sur le podium masculin avec les représentants espagnol, italien et turc, c’est lui, Roman Heydarov. Une réalité à prendre en compte… pour rapidement la dépasser.