Ce lundi 20 mai 2019, la Fédération Française de Karaté dévoile son nouveau site internet ffkarate.fr «relooké» et restructuré afin…
«Mes France à moi» (1/2)
Champions de France, ils témoignent de l’impact de leur titre nationalDes combats, des victoires, un podium, la médaille… Sauf que, sauf que les championnats de France, même pour ceux et celles qui ont déjà remporté des titres à l’international, restent une compétition vraiment spécifique. Les « France », c’est une question de reconnaissance, de statut qui change, de leaders qui doivent prouver, sont bousculés par des combattants qu’ils connaissent souvent bien, voire très bien. C’est le titre symbolique, celui que chacun rapporte au club, celui qui honore le professeur formateur et les partenaires, celui qui fait, souvent, un champion pour la première fois. Un moment clé.
Adam Jacqueray
« Tout le club est un peu champion de France »
Vainqueur en – 60kg pour la première fois l’année dernière, à 21 ans, Adam Jacqueray considère son titre comme une victoire collective pour son club, l’ACS Karaté Cormeilles, dont il est le premier athlète à devenir champion de France seniors.
« C’est le titre national le plus prestigieux. À la fin de la finale, j’ai poussé un cri de rage, car c’était comme une libération. J’ai évacué toute la pression, tous les efforts faits en amont. Les France, je les vois comme un élan pour la suite, ça m’a donné beaucoup de confiance en moi. Je suis très fier de ce titre parce qu’il récompense le travail accompli depuis tout que je suis tout petit, mais il récompense aussi mon club, mes partenaires, mon coach évidemment … Ce titre aura sans doute pour longtemps une part très importante dans mon palmarès. On se soutient au quotidien, on se suit partout en compétition, et pendant la compétition. À Lille l’an passé, je les sentais toujours à fond derrière moi. Je les ai vus dans les gradins : cette victoire était une grande joie pour tout le monde, un peu comme si eux-aussi étaient champions de France. En plus, je suis le premier du club à décrocher le titre chez les seniors donc j’ouvre un peu la voie aux plus jeunes. Ça leur dit un truc du genre : “vraiment, c’est possible !”. Cette année, mon statut est différent, je suis passé de jeune loup qui déjoue les pronostics à champion qui doit défendre son titre. Mais j’aime cette position, elle m’apporte une pression positive. »
William Rolle
« Montrer qu’on est le patron chez soi »
Il a tout gagné. Titre européen – deux fois – et couronne mondiale en 2014, apogée d’une magnifique carrière. Un palmarès qu’il a construit à partir de sa réussite, sa domination même, sur le plan national : sept titres de champion de France entre 2006 et 2014. Autant de moments singuliers pour une bonne raison : l’émulation l’a, à chaque fois, conduit à se surpasser.
« Si j’ai réussi à décrocher des titres internationaux plutôt sur le tard, c’est aussi parce que la concurrence était énorme au niveau national, avec Mathieu Cossou notamment. Ça m’a permis de rester au top, de me remettre en question chaque année, car tout le monde voulait s’offrir le champion de France sortant. Et souvent… c’était moi ! Alors, un titre national, même si j’en ai gagné sept, c’est tout sauf banal. Franchement, s’il n’y avait pas eu de telles rivalités, peut-être que j’aurais un peu “lâché l’affaire” au niveau international. Pour moi, si tu n’es pas capable d’être champion national, tu ne peux pas espérer d’être champion d’Europe et encore moins champion du monde. C’est la grande qualité du karaté à la française. Un passage. J’ai toujours eu en tête qu’il faut d’abord montrer qu’on est le patron chez soi. Mon premier titre aux France (en -60 kg, avant de passer en -65kg puis -67kg), je m’en souviens comme si c’était hier. J’étais encore junior, et je bats Davy Dona au terme d’un combat très tactique. Quand tu es jeune et que tu sors le champion qui domine la catégorie, tu te dis : “maintenant, c’est mon tour, on entre dans mon ère”. Ce jour-là, j’ai passé un cap de fou. Mais je ne me suis jamais reposé sur mes lauriers et, chaque année, je revenais aux France pour confirmer ce statut. Je savais ce que cette médaille voulait dire sur ma capacité à me dépasser.»
Sonia Fromager
« On cochait la date sur le calendrier »
Longtemps barrée par la championne du monde Tiffany Fanjat, Sonia Fromager a fini par décrocher le titre national des – 68 kg en 2010 et 2011. Deux victoires en forme de revanche pour une athlète qu’on n’attendait pas aussi haut.
« Comme j’ai été très peu retenue en sélection nationale, les championnats de France c’était “LA” compétition de l’année pour moi. Au club, on cochait la date sur le calendrier et on préparait la saison pour ce rendez-vous ! Lorsque je gagne le titre en 2010, un seul mot me vient à l’esprit : “Enfin !”. Ça y est, je l’ai fait, je suis championne de France. Après des années à travailler dur, je suis arrivée au bout. Le chemin a été long, difficile, mais j’ai montré que j’en étais capable. J’ai toujours dû faire mes preuves, depuis toute petite et mes premiers tournois avec la sélection de Guadeloupe. Je n’étais jamais attendue. Je ne suis pas la plus technique des karatékas, mais mon mental m’a toujours permis d’y croire, de m’accrocher et ces qualités comptent énormément sur un championnat de France où il y a beaucoup de densité. Alors, quand ça marche enfin, vous êtes encore plus fière. Ces titres, c’est aussi grâce à Gilles Cherdieu, qui était mon coach en sélection de Guadeloupe et que j’ai retrouvé en Métropole. Il a cru en moi et il m’a donné confiance. Il m’a aussi permis de rencontrer Laurence Fischer qui était mon idole à l’époque : je voulais tout faire comme elle. Alors, certes, je n’ai pas son palmarès, mais j’ai gagné les France. Personne ne m’enlèvera ce titre, jamais. Un jour, j’ai été meilleure que toutes les autres. C’est aussi le genre d’expérience de connaissance de soi qui aide dans la vie. »
Emmanuel Charlot, Gaëtan Delafolie, Antoine Frandeboeuf et Olivier Remy