Ce lundi 20 mai 2019, la Fédération Française de Karaté dévoile son nouveau site internet ffkarate.fr «relooké» et restructuré afin…
« Mes France à moi » (2/2)
Champions de France, ils témoignent de l’impact de leur titre nationalDes combats, des victoires, un podium, la médaille… Sauf que, sauf que les championnats de France, même pour ceux et celles qui ont déjà remporté des titres à l’international, restent une compétition vraiment spécifique. Les « France », c’est une question de reconnaissance, de statut qui change, de leaders qui doivent prouver, sont bousculés par des combattants qu’ils connaissent souvent bien, voire très bien. C’est le titre symbolique, celui que chacun rapporte au club, celui qui honore le professeur formateur et les partenaires, celui qui fait, souvent, un champion pour la première fois. Un moment clé.
Nathalie Leroy
« La plus grande satisfaction de ma carrière »
Trois fois championne d’Europe individuelle et par équipes, elle fut aussi championne du monde par équipes en 2000, championne du monde individuelle en 2002 – année de son titre européen individuel — et se hissa dans quatre autres finales mondiales, dont trois individuelles. Pourtant, ses meilleurs souvenirs restent ses victoires aux championnats de France, sept titres face à des rivales du calibre de Patricia Chéreau dans sa catégorie et Laurence Fischer en Open, et en particulier celui de 2002 où elle parvient, pour la première fois en France, à emporter le titre en -60kg, en Open et par équipes de club.
« Gagner un titre national, c’est comme un commencement. À notre époque, il n’y avait pas de surprise, il fallait se confronter à des adversaires de niveau international et quand tu gagnais, tu savais que la porte venait de s’ouvrir pour de grandes sélections. C’est pour cela d’ailleurs que, finalement, j’ai gardé en mémoire le souvenir de ces affrontements nationaux, parce que ça passait par là. C’était indispensable. Quand tu te retrouvais sur un championnat d’Europe et un championnat du monde, c’était déjà une histoire entamée avant, au niveau national. C’est pour cela aussi que mon meilleur souvenir de compétition, honnêtement, ce n’est pas mon titre mondial en 2002, mais le championnat de France que je gagne cette année-là. J’avais déjà fait le doublé -60kg et Open en 1998, mais, en 2002, on avait une bonne équipe de club, renforcée par ma rivale italienne, la championne d’Europe Stella Bux, et je m’étais mise au défi de gagner les trois titres nationaux, ce qui n’avait jamais été fait. Le samedi soir, j’étais déjà dans les deux finales individuelles et j’ai eu du mal à trouver le sommeil ! Et le lendemain, les douze combats que j’avais effectués se sont fait sacrément sentir… mais j’ai combattu encore quatre fois pour notre victoire en équipe avec encore deux finales individuelles à suivre. Pour ces finales, j’étais libérée. Très concentrée sur la première pour battre Patricia Chéreau, double tenante du titre et championne d’Europe 2000, tranquille sur la suivante face à une fille que j’avais battue en tableau en -60kg. Trois titres nationaux, dix-huit combats gagnés… j’ai savouré pendant des mois. Ça te pose un peu là en équipe de France. »
Fabien Bottin
« Choqué plus qu’euphorique »
Cantonné aux podiums nationaux en jeunes, c’est à 23 ans, à un tournant de son parcours professionnel, que le +80kg du Sen No Sen Vénissieux a déjoué les pronostics et les hiérarchies pour l’emporter en 2007.
« À la rentrée de cette saison 2006-2007, entrant dans la vie active, j’avais décidé de couper avec le karaté pour la première fois depuis quatorze ans. Pas question pour autant de manquer les championnats de France par équipes, objectif traditionnel de notre club qui a toujours compté sur de bons éléments pour réussir de belles performances collectives. La veille, j’ai tout de même pris part aux individuels, mais sans aucune prétention. Je connaissais mes lacunes physiques, il fallait juste les cacher au maximum aux autres en puisant dans mes réserves. Et, contrairement aux fois précédentes, le fait de ne pas me mettre de pression m’a permis de me libérer sur le tapis. Ce jour-là, le plaisir du jeu qui a pris le dessus C’est le message qu’on a essayé de transmettre derrière aux jeunes du club : un vrai entraînement ne suffit pas si vous ne parvenez pas mentalement à vous libérer pour tout donner.
Quand se sont présentés face à moi les têtes de série et les titulaires en équipe de France, le challenge et la motivation m’ont porté. Je domine Florian Malguy (champion du monde par équipes en 2004) en demie sur le gong, avant de retrouver Youcef Hamour (vice champion d’Europe 2003 et troisième en 2005), encore une vraie référence chez les lourds même s’il était en fin de carrière, en finale. Et à trois secondes de la fin, je passe devant d’un mawashi-geri à la tête… Moi qui n’avais jamais été sélectionné en grands championnats internationaux, je venais de gagner mon championnat du monde. J’en étais choqué plus qu’euphorique, et je me suis retourné vers mon clan avec une main sur la bouche et le regard ahuri. À croire que c’était ma journée et que rien ne pouvait m’arriver. Les entraîneurs connaissaient mes capacités, moi aussi, et j’ai cru en mes chances. Par contre, plus de peps le lendemain pour aider les copains… »
Emmanuel Charlot, Gaëtan Delafolie, Antoine Frandeboeuf et Olivier Remy