Ce lundi 20 mai 2019, la Fédération Française de Karaté dévoile son nouveau site internet ffkarate.fr «relooké» et restructuré afin…
Les France Kata en 5 mots clés
Il s'est passé des choses ce week-end à LilleUne année mondiale, un défi européen qui s’annonce, un rendez-vous national du kata tricolore qui avait des choses à dire… De pression à passion, les cinq points à retenir des championnats de France kata 2018.
1- Ébullition
Les « France » attirent du monde !
Ceux qui s’attendaient à un championnat morne et placide, et où tout aurait été dicté d’avance par les hiérarchies en place, ont dû être surpris. Ce fut une compétition disputée, agitée, « très intéressante » commente sobrement le responsable technique fédéral présent Stéphane Mari, et aussi très fréquentée ! Affluence record – deux cent cinquante techniciens en plus par rapport à l’année dernière selon les organisateurs, les championnats de France ont attiré du monde sur le tapis comme dans les tribunes du beau vaisseau Saint-Sauveur, le Palais des Sports de Lille. Un engouement à gérer, mais positif, forcément positif, et qui promet d’amener de l’eau et du grain au moulin du kata français dans les années à venir.
«Le style que l’on souhaite lui voir adopter. »
2- Confirmation
Le patron, c’est Enzo Montarello
Désormais débarrassé de la grande ombre de Minh Dack, le vice champion du monde et champion d’Europe espoirs Enzo Montarello s’est vu remettre les clés du camion pour porter le kata français en individuel chez les garçons. En plein travail pour honorer cette sélection, il aurait pu faire le choix du « Premier League » de Rabat le même week-end, évitant ainsi d’affronter ses rivaux nationaux… qui lui avait d’ailleurs joué le vilain tour de le battre à la coupe de France, par l’entremise de Sorey Morassi. Mais il était à Lille et il a survolé la compétition « dans le style que l’on souhaite lui voir adopter, en conservant ses qualités de vitesse et d’explosivité, mais aussi de plus en plus épuré et puissant », analyse Stéphane Mari. Un « work in progress » qui donne déjà de très beaux résultats : victoire en demi-finale contre son ancien compère d’équipe Lucas Jeannot, excellent toute la journée lui aussi (et vainqueur de Loick Tranier, le médaillé mondial espoirs 2017), et en finale contre Jonathan Maruani, plusieurs fois médaillé européen en équipe. Le chef de file, c’est lui, Enzo Montarello. La suite en mai, à Novi Sad.
3- Sensation !
Laëtitia Feracci sort Sandy Scordo
La partie était très ouverte chez les féminines avec la championne de France 2016 et 2017, victorieuse de la coupe 2018, Alexandra Feracci en vadrouille au Maroc et une hiérarchie rendue d’autant plus floue que Sandy Scordo, absente à la coupe de France, avait pris du recul et faisait son retour sur ce championnat. Autre recul, autre retour, une Feracci encore, mais la petite sœur, Laëtitia, qui restait sur une finale en seniors contre sa sœur à la coupe de France 2016. Et c’est elle qui, d’entrée, montrait un bon niveau général à chaque tour et l’envie de s’affirmer. Sandy Scordo commençait sa journée plus doucement, trop loin peut-être des standards élevés auxquels elle a habitué les juges. Dans leur face-à-face en quart de finale, la vice championne du monde 2012 et 2014 se retrouvait pleinement, mais l’impression laissée par la jeune Corse Laëtitia Feracci allait être la plus forte : c’est elle qui passait et affirmait encore un peu plus son beau parcours par deux victoires de plus, contre l’espoir française Lila Bui en demie, et celle pour l’or, contre l’internationale Jessica Hugues en finale. Sandy Scordo prenait le bronze, mais c’est la petite sœur Feracci, 5e des championnats du monde juniors 2015, qui emportait son premier titre national seniors.
4- Satisfaction
Franck Ngoan se hisse au niveau
Le petit frère de Kewin, Franck Ngoan, porte depuis bien longtemps l’étiquette dangereuse de « fort potentiel », d’autant plus dangereuse qu’on est mis en demeure de la justifier rapidement ! Champion de France cadets en 2015, mais pas en 2016, Franck avait laissé passer devant lui un rival et dès l’année suivante, Micky Mrozek avait emporté les deux rendez-vous nationaux juniors, profitant de cet avènement pour aller chercher un titre européen et une cinquième place mondiale dans cette catégorie d’âge. Vainqueur aussi de la coupe de France en novembre, Mrozek semblait avoir pris ses distances… définitivement ? Non. Franck Ngoan est de retour. Tandis qu’en finale son rival proposait son « Gankaku » qu’il exécutait parfaitement avec de belles prises de risque et un équilibre maîtrisé, il était finalement surpassé par un « Unsu » exceptionnel de Franck Ngoan, tout en intensité et en hauteur dans les sauts. « Il a manifestement passé un cap » analysait Stéphane Mari. Il avait du mal à se révéler jusque-là dans les moments décisifs. Cette fois, il a été plus mûr dans son approche. Au-delà de cette victoire et de ce retour au premier plan, ce qui est bien pour le kata français, c’est que dans cette catégorie importante, chez les filles comme chez les garçons, nous ne sommes pas limités au choix d’un seul ». Chez les filles comme chez les garçons en effet, car si le duel est plus que serré entre les deux meilleurs masculins, c’est aussi le cas chez les féminines, où c’est cette fois Marine Ozanne qui passe devant Louise Frieh. Ces deux-là sont au coude à coude depuis les minimes. L’Alsacienne Louise Frieh avait gagné la coupe en minimes en 2013, mais perdu le championnat en cadettes en 2014, à chaque fois face à Marine Ozanne du Dojo Lantonnais. Dominante en 2015, Louise Frieh avait encore vu revenir Marine Ozanne au championnat 2016. Elle avait pris ensuite les trois rendez-vous suivants, coupe et championnats 2017, coupe 2018… Oui, mais revoilà Marine Ozanne, encore une fois devant pour ces championnats de France 2018 ! De plus en plus confiante.
Marine Ozanne repasse devant
Franck Ngoan s’imposent en junior
« Donner les clés à tout le monde, pour le futur de notre kata français et son affirmation sur ses habituels points forts. La technique, c’est l’enjeu ! »
5- Évolution
Le potentiel est là
La France est engagée dans un travail à long terme de reconstruction. Ce championnat de France en subissait d’un certain point de vue les conséquences et en montrait aussi les premiers résultats. « Les critères de jugement sont en pleine évolution, clarifie Mari. C’est sans doute frustrant pour certains qui avaient leurs repères, mais la compétitivité internationale des athlètes passe par une émergence d’une forme technique de plus en plus appuyée, condition sine qua non du renouveau du kata français face à des adversaires très performants. C’est à nous de répondre aux questionnements et de donner les clés à tout le monde, pour le futur de notre kata français et son affirmation sur ses habituels points forts. La technique, c’est l’enjeu ! » Un credo clairement affirmé, une remise en question générale, mais aussi, déjà, les premiers points d’appui. L’encadrement français pouvait sans doute être satisfait de voir les bons résultats des techniciens déjà apparus en sélection, notamment en cadets le nouveau champion de France Fabien Tran, sélectionné aux championnats du monde et d’Europe, et chez les cadettes Romane Leitao, championne de France minimes l’année dernière, finaliste de la coupe cadettes en novembre, et solide médaille d’or du championnat en avril. Auxquels s’ajoutent les champions minimes Jimmy Ouch et Caroline Ngoan (respectivement d’Epinay-sur-Orge et d’Epinay-sous-Sénart). De quoi voir venir.
Romane Leitao s’impose en cadettes
A Olivier Tran le titre cadets
Emmanuel Charlot / Sen No Sen