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Décryptage
Le Conseiller Technique Gilles Cherdieu, déjà en charge au niveau national de l’organisation des nouvelles régions, est désormais membre de la commission technique de la Fédération Européenne de Karaté. Nous lui avons demander de nous expliquer les raisons et les enjeux de cette nomination, et de cette commission.
Quelle est cette commission et pourquoi cette nomination ?
Il s’agit donc de la commission technique au niveau européen, laquelle date des années 2000. Le premier « Chairman » (Président) était un Espagnol et, rapidement, la main est passée à l’Anglais Michael Billman, actuel président de la Fédération anglaise. Avec lui, elle est composée de cinq membres, dont par exemple l’ancien très grand champion italien Luca Valdesi, le Suisse Dominique Sigillo ou le Slovaque Dusana Cierna qui ont été entraîneurs nationaux. Jusqu’aux derniers championnats d’Europe, la France était représentée par Thierry Masci, mais ce dernier est désormais responsable de la nouvelle région Occitanie et n’aura plus le temps. Je le remplace au poste qu’il occupait, celui de vice-président, « Deputy Chairman », mais il n’y a pas d’enjeu particulier à être à cette place. Nous sommes peu nombreux et les décisions sont prises de façon collégiale. Je connais déjà tout le monde et mon arrivée a été facile et naturelle.
Quel est le rôle de cette commission ?
Nous sommes sur toutes les grandes compétitions européennes et mondiales avec un rôle d’observation et de proposition. Nous réfléchissons sur la réglementation, les conditions techniques d’organisation, mais aussi l’arbitrage et, d’une façon générale, tous les détails qui nous paraissent opportuns pour améliorer la qualité de nos événements et de l’expression du karaté en compétition. Nous avons, bien sûr, un devoir de complète neutralité. Cela n’a l’air de rien, mais, par exemple, cette commission a demandé qu’on soit vigilant aux nouveaux tapis, trop glissants. Désormais, c’est un point qui est pris en compte par les organisations. Nous avons accompagné la réflexion sur les casques pour les catégories jeunes… L’Europe est leader du karaté mondial à ce niveau, et la France, notamment depuis les championnats du monde de Bercy en 2012, est leader en Europe. Nous avons une responsabilité forte qui passe par une collaboration avec la commission d’arbitrage. L’Autrichien Alois Wiesböck, qui est le Président de la commission d’arbitrage, mais aussi celui de la commission sportive, a participé à l’une de nos réunions. La tendance actuelle, c’est le partage. Nous échangeons pour encore mieux harmoniser la vision européenne.
Quels sont les enjeux à venir ?
Pour nous, il s’agit de renforcer l’interconnexion actuelle entre les commissions, notamment celle de l’arbitrage avec laquelle nous devons travailler étroitement, autant sur le plan européen que mondial d’ailleurs. Il faut que nous puissions être en relation constante, discuter pour pouvoir se faire comprendre et peser sur les décisions. D’une façon générale, il faut renforcer le poids de cette commission et sa pertinence. Il me semble que cela passe par l’échange et l’écoute avec les coaches, de façon à entendre et à faire entendre leurs préoccupations sur chaque sujet. J’ai bien l’intention aussi, dans le cadre fixé par l’intérêt général et la qualité globale du karaté, de faire entendre la voix de la France à ce niveau, dans la continuité du travail déjà accompli depuis toutes ces années par notre fédération. Ce sont des enjeux importants, puisque les décisions ont des répercussions sur notre pratique, jusque dans nos clubs.
Thierry Masci : « Nous avons gagné notre légitimité »
« Dans des commissions comme celle-ci, on nomme des gens et il peut ne pas se passer grand chose. Pour ce qui nous concerne, on a pris notre envol au moment de l’arrivée des casques pour les jeunes. Nous n’étions pas a priori contre les casques, mais contre ceux-là, oui. Ils avaient été mal conçus et présentaient de grosses lacunes, y compris sur le plan de la sécurité elle-même. Certains se cassaient, d’autres pouvaient provoquer des blessures. Quand j’ai eu à les évaluer, je leur ai mis un point sur cinq. Mais ils avaient déjà été produits et, dans ce cas, ce n’est pas facile de faire entendre raison. Nous avons dû batailler contre des réticences et des intérêts tout en restant aussi sur une ligne de proposition pondérée et explicative, sans perdre le cap. À cette époque, certains au sein de la commission ont fait des pétitions et fini par démissionner. Moi, j’ai préféré rester, travailler, et finalement nous sommes parvenus à convaincre. Avec l’aide active de Francis Didier, il faut le dire, qui expliquait clairement dans le même temps que la France n’accepterait jamais ces casques et que, pour notre part, il était primordial surtout d’enseigner le contrôle aux jeunes, la marque de qualité du karaté. Cet épisode a renforcé notre légitimité et nous a obligés aussi à ouvrir tout un champ de réflexion sur les protections de pied et de poing, leurs couleurs, le plastron, d’abord chez les jeunes, désormais pour tous. C’est comme cela, je crois, au-delà du statut, qu’une commission gagne ses galons, en prenant pleinement ses responsabilités et en étant la plus pertinente, la plus incontournable possible. Je suis très heureux que Gilles Cherdieu prenne le relais. Avec l’arrivée des Jeux olympiques notamment, tout va prendre de l’ampleur. Nous avons besoin de compétence, d’autorité et de charisme. Des hommes comme Luca Valdesi nous ont rejoint pour ça, Gilles va apporter encore un plus. »
Emmanuel Charlot