Ce lundi 20 mai 2019, la Fédération Française de Karaté dévoile son nouveau site internet ffkarate.fr «relooké» et restructuré afin…
Les Jeux Med’ vécus de l’intérieur
Au plus près de l'équipe de FranceQuatre médailles dont deux titres pour ce qui est historiquement une compétition de référence : le groupe France vous fait partager six jours passés à Tarragone pour les Jeux méditerranéens.
Célébrés tous les quatre ans, l’année suivant les JO d’été – exceptionnellement repoussés d’un an cette année par l’organisation – les Jeux méditerranéens sont une compétition internationale multisports réservée aux athlètes du bassin qui rassemblent aujourd’hui vingt-six pays. Organisés pour la première fois en 1951 à Alexandrie, ils se sont tenus le week-end dernier à Tarragone, en Espagne. Le karaté avait l’honneur de lancer la compétition. Nous avons suivi l’équipe de France de karaté, composée de dix athlètes, pendant six jours et plus particulièrement Aurore Bourçois (-50kg), Maxime Relifox (-75kg), Marvin Garin (-67kg) et Nancy Garcia (+68kg), qui ont accepté d’être nos correspondants pendant la durée de l’événement, et qui nous ont fait vivre les Jeux de l’intérieur.
Mercredi 20 juin
15h45 : l’équipe de France se pose sur le sol espagnol, à Barcelone. Tarragone est à une centaine de kilomètres en longeant la côte. Une bonne heure et demie de bus et Alexandre Biamonti, qui encadre le groupe avec Ludovic Cacheux et Ayoub Neghliz, pose ses valises à Tarragone. « Que ce soit en tant qu’athlète ou en tant qu’entraîneur, les Jeux Méditerranéens sont un moment fort pour le karaté, c’est un vrai rassemblement des peuples, et en sachant que le karaté sera enfin aux Jeux olympiques en 2020, on sent que l’on fait vraiment partie de la famille. On partage de grands moments avec toutes les disciplines sur le Village olympique… les athlètes, les entraîneurs, les kinés, de tous les sports » explique l’ancien champion du monde, lui-même vainqueur des Jeux Med’ en 1997 à Bari puis en 2001, à Tunis.
27°C au thermomètre, assurément, la température monte doucement mais sûrement. « L’état d’esprit est détendu et on commence à faire connaissance avec les autres sports » décrit Maxime Relifox. À J-2, ce n’est pas encore le moment d’entrer dans la compétition. Installés à l’hôtel Port Aventura, « Place à la coupe du monde de football bien sûr ! On regarde le match Espagne-Iran… et tout le collectif est pour l’Espagne, en attendant de récupérer les clés des chambres, s’amuse l’actuel 21e de la ranking mondiale. Pour moi, pas de surprise, je suis en chambre avec mon demi-frère, Marvin Garin. D’ici, la vue n’est pas géniale, mais il y a une piscine énorme dans l’hôtel ! ». Et si le buffet du dîner est à volonté, on reste sur le rythme de la préparation « on mange léger et sain », assure Maxime.
Jeudi 21 juin
Lever 8h45, un petit-déjeuner rapide suivi d’un premier entraînement dans un gymnase situé à une dizaine de minutes de bus de l’hôtel. « Comme nous sommes arrivés avant les tatamis, on s’est entraîné sur parquet pieds nus, à l’ancienne » s’amuse Alexandre Biamonti. La séance ? « Dans ce genre de contexte, on cherche surtout à insister sur les points forts pour avoir de bonnes sensations », assure l’ancien nonuple champion d’Europe. « On a commencé par un échauffement de vingt minutes puis on a enchaîné sur une séance de karaté libre de vingt-cinq minutes. Il s’agissait de faire des séries courtes afin de ne pas trop se mettre dans le rouge pour la suite et de faire un bon décrassage après notre journée de voyage qui fut tout de même longue » raconte Aurore Bourçois, la double championne de France seniors et vice championne d’Europe espoirs. Une partie traditionnelle de Uno en attendant le bus du retour vers l’hôtel et ce sera, dès l’après-midi, récupération pour tout le monde. Au programme : bains froids, massages, et piscine. Pour Aurore, le programme s’est résumé à « repos et séance de kiné avec un massage, puis j’ai mis les bottes de récupération qui compressent le muscle et envoient du froid. » Les neuf autres seront au même régime, avant le briefing des coaches. Dans vingt-quatre heures, certains d’entre eux rejoindront peut-être les Damien Dovy (1993, -60kg), Alain Le Hétet (1993, Open) Christophe Pinna (1993, -80kg et 1997, Open), Gilles Cherdieu (1997, -80kg), Abdellatif Dini (2001, -60kg), Alexandre Biamonti donc, Nathalie Leroy (2001, -60kg), Seydina Baldé (2001, +80kg), Rida Bel-Lahsen (2001, -70kg), Olivier Beaudry (2005, -75kg), Lolita Dona (2009, -61kg), Kenji Grillon (2009, -75kg)… tous – à l’exception de Dini – médaillés mondiaux ou champions du monde, une référence.
Vendredi 22 juin
Ça ne s’invente pas, c’est l’anniversaire de Maxime Relifox qui fête ses vingt ans ! Le combattant de l’AAS Sarcelles se voit offrir quelques cadeaux par les copains… et une peluche par le Comité olympique ! Pourtant, petit-déjeuner frugal, car, déjà, il faut se concentrer sur l’essentiel. Direction le gymnase de la compétition qui se trouve à trente minutes de l’hôtel. « On s’est entraîné une vingtaine de minutes pour faire les derniers réglages sur de l’attaque, de la défense… L’objectif était de garder de l’énergie pour dans quelques heures » résume Aurore Bourçois. « Les tableaux sont sortis, commente via WhatsApp, Maxime. Première impression ? Il n’y aura pas beaucoup de combats, trois pour aller en finale, mais ce sera accroché, difficile. L’Albanais Bekim Basha au 1er tour. Le Marocain Abdeljalal Bouzzher sans doute dans la foulée, avant une demi-finale potentielle contre le Croate Enes Garibovic ». Les tableaux sont plutôt bien répartis pour la plupart des combattants français, mais les Turcs, toujours à fond et les Espagnols, chez eux, ne lâcheront rien. La pression commence à monter petit à petit. La fin de journée est marquée par la cérémonie d’ouverture des septièmes Jeux méditerranéens pour le karaté. Une partie de l’équipe y participe en compagnie notamment du boxeur toulousain Sofiane Oumiha, vice-champion olympique 2016 et champion du monde 2017 des poids légers, porte-drapeau de la délégation française pour cette édition.
Samedi 23 juin
8h30 : C’est l’heure de la pesée. Après un court échauffement, Maxime va encourager Marvin Garin qui débute la compétition : « J’ai découvert les tableaux la veille, il y a pas mal de champions en titre, mais je les ai déjà tous battus… », commente l’ancien champion du monde espoirs, vainqueur du Karate 1 de Dubaï cette année et pilier de l’équipe de France.
Quatre combats, quatre victoires et l’or autour du coup en fin de journée, avec, surtout, les deux derniers combats remportés avec autorité face à l’Italien Maresca, champion d’Europe 2015 en -60kg et le Turc Uygur, n°1 mondial et double champion d’Europe en titre, un combattant qu’il connaît par cœur. « L’objectif était de gagner et de performer et… c’est ce que j’ai fait. C’étaient mes premiers Jeux, ça s’est très bien passé, dans un beau cadre et une bonne ambiance en plus. J’avais un peu de pression, mais elle a vite disparu après le premier tour. Je me sentais parfaitement bien physiquement et techniquement ». Pas une, mais deux médailles qui tombent dans l’escarcelle française à deux heures d’intervalle. Sabrina Ouihaddadène, percutante au niveau national ces derniers mois et finaliste de l’Open de Paris Karate 1 – Premier League, remporte en effet la médaille de bronze en -55kg. Ça ne passe pas, en revanche, pour Maxime Relifox, « malheureusement pas bien dans mon combat face à l’Italien Rabii Jendoubi. Je passe à côté de la médaille de bronze. Je suis forcément un peu déçu mais je reste positif et préfère me focaliser sur les bons aspects de ma compèt’ ». La remise des médailles a lieu le jour même pour Sabrina et Marvin, avec ce dernier qui nous fait vivre l’instant et terminer
Dimanche 24 juin
Leur journée est déjà derrière eux, Marvin et Maxime vont encourager leurs coéquipiers Ilyes Klouz et Jessie Da Costa dès le matin. 12h10 : Jessie décroche la médaille d’argent en -84kg, battu au senshu par le Macédonien Jakupi, sous les encouragements de ses amis, la journée s’annonce positive ! 12h40 : Après deux combats acharnés et un nez cassé (par l’Espagnole au deuxième tour), Nancy Garcia se hisse en finale des +68kg et remporte la médaille d’or avec une victoire significative en finale sur la Grecque Chatziliadou, vice championne d’Europe et du monde en titre !
Une jolie perf’ pour la pensionnaire du pôle France – Karaté 2020. Sa performance permet aussi à la France de se classer à la deuxième place du classement des nations. « En finale, je suis menée 3-0 et je remonte à quelques secondes de la fin ! J’étais très concentrée et bien déterminée à gagner ». La jeune arlésienne vivra un moment fort en émotions à la remise des médailles et « première Marseillaise » sous les yeux de son père et de sa sœur qui ont fait le déplacement. La belle aventure collective se poursuivra le soir au « Club France » en présence du président de la FFK, Francis Didier, et du DTN Dominique Charré, pour une mise à l’honneur des équipes et des sports médaillés. Un avant-goût de celui des JO dans deux ans à Tokyo !
Lundi 25 juin
Après un débriefing avec le DTN et les entraîneurs, c’est quartier libre et repos bien mérité pour l’équipe, avec une journée au parc d’attractions « Port Aventura World » offerte aux participants à la compétition, à la plage sous le soleil de Tarragone pour d’autres, avant de retourner encourager les autres sportifs français. Le bilan de ces Jeux méditerranéens ? C’est Alexandre Biamonti qui le fait : « Nous sommes partis avec une équipe jeune et nous terminons deuxième nation au classement avec deux médailles d’or, une d’argent et une de bronze. C’est une belle satisfaction. Le niveau des athlètes est élevé sur cette compétition, avec notamment l’Italie et la Turquie qui se placent très bien au niveau international. C’est un résultat très positif ! ». Cap maintenant sur la préparation sur les championnats du monde qui auront lieu début novembre à Madrid.
Diane Voukassovitch-Cheymol / Sen No Sen