Karaté Do Longwy, école de la constance
Une pratique made in Meurthe-et-Moselle depuis les années 1970Ils n’en sont pas toujours les pièces les plus visibles mais restent essentiels au puzzle qui constitue le karaté français. Eux ? Ce sont les clubs, à la rencontre desquels nous vous proposons de prendre le temps d’aller. À l’heure où les feuilles prennent leur unique envol, cap sur la Meurthe-et-Moselle avec le Karaté Do de Longwy.
Le club fondé par Yvon Guerci a un an lorsque débute la saison 1971-1972. C’est cet hiver-là que Claude Mazzoleni en pousse une première fois la porte. « Le plus gradé des élèves était alors ceinture verte », se souvient celui qui a officiellement été élevé le 4 juillet 2018 au grade de huitième dan. Ses années d’apprentissage, Claude les passera surtout aux côtés de Gilbert Gruss et de Jean-Luc Mami, les deux incontournables phares régionaux officiant aux dojos de Thionville et de Briey, avant de revenir au bercail, quinze ans et pléthore de distinctions et d’expériences plus tard. En près de cinq décennies de pratique, le karaté lui aura offert mille vies. Ouvrier sidérurgique devenu fonctionnaire d’État pendant près d’un quart de siècle au Luxembourg voisin, l’ancien -75kg longtemps listé ministériel s’est forgé sur le tapis un regard à 360° sur l’activité : « trente titres de champion de Lorraine individuel et par équipes obtenus entre 1975 et 1997 », un statut d’arbitre européen dès 1990, puis mondial dix ans plus tard, lui ayant permis d’officier sur une centaine de championnats officiels répartis sur les cinq continents, le tout en contribuant en parallèle de 1982 à 2016 à l’essor du karaté au Luxembourg… Pour la faire courte : en Meurthe-et-Moselle, lorsque Claude Mazzoleni parle karaté, la moindre des choses est de l’écouter.
Règles d’or. Aujourd’hui directeur technique d’un staff composé de neuf professeurs, l’Ancien a vu les effectifs passer de trois cents élèves à cent-trente. La fermeture des bassins sidérurgiques de la région est passée par là, emportant avec elle une partie des effectifs vers (encore) le prospère Luxembourg d’à côté. Un motif pour se lamenter ? C’est mal connaître les gars du coin. Les années Gilbert Gruss resteront celles de « la volonté d’être le plus fort » comme alpha et oméga des feuilles de route des combattants. Celles estampillées Claude Mazzoleni vont ajouter le vécu arbitral comme source de lucidité tactique et donc de progrès. « Connaître les règles du jeu reste encore le meilleur moyen de comprendre et de maîtriser le jeu », sourit l’intéressé.
Frontal et frontaliers. À cette dimension cérébrale nouvelle s’ajoute l’intelligence du lieu. La commune de Longwy jouxte à la fois le Luxembourg et la Belgique, et reste à portée de flèches des frontières allemande et suisse ? Excellente occasion d’aguerrir les quelques quarante élèves du groupe élite du KDL en les sortant à la fois des certitudes hexagonales et des sentiers battus. Stages, tournois, échanges : les passerelles existent, il suffit de les emprunter. Idem lorsqu’il s’agit de constituer une entente sportive avec le COS de Villers-lès-Nancy de son aîné Pierre Bichard-Bréaud pour les échéances par équipes du calendrier. « Nous n’obligeons personne à faire de la compétition. En revanche, lorsqu’un élève s’engage sur ce plan, l’idée est de viser la médaille d’or nationale. » Un pacte minimum qu’ont mis un point d’honneur à remplir en leur temps les Sophie Jeanpierre, Élaine Groffilier ou les frères Da Costa.
La vraie richesse. « La famille, l’entente et l’ambiance constituent l’ADN du club », confirme David Zimmerman, l’entraîneur principal, au club depuis 1984, pour qui la clé du succès tient en cinq mots : « être soudés, physiquement et mentalement ». Car si la rentrée 2018 risque de pâtir de l’effet Coupe du monde de football, l’horizon Tokyo 2020 est un socle puissant pour les assidus de ce dojo de 200 m2. Un train à ne pas manquer sous peine de rester à quai. Une belle occasion, aussi, de valider l’un des adages favoris du sensei : « Ne soyez pas comptables de vos efforts. Donnez, donnez-vous et donnez tout : la vraie richesse n’est pas dans le calcul mais dans le don. »
ENCART – Amélie Grün – Ensemble, c’est tout
Licenciée au Karaté Do Longwy depuis la saison 2017-2018, la -53kg Amélie Grün a trouvé dans le dojo de la salle Bassompière « une seconde famille », où la performance et la passion sont d’autant plus au cœur du projet que « les entraîneurs ont eux-mêmes grandi dans le dojo ». Arrivée lancée (elle fut troisième des championnats de France cadettes), elle sort d’une saison prometteuse (troisième à la Coupe de France zone Nord, finaliste de l’Open de France et de l’Open Adidas, en or aux interrégions) et attaque la rentrée 2018 par une victoire à la Lion Cup de Strassen fin septembre. Le secret de cette dynamique ? « Nous progressons ensemble, dans la vie et dans le karaté. En individuel, le club est derrière nous à chaque entraînement et à chaque combat. En équipes, nous gagnons ensemble et nous perdons ensemble. Les objectifs en découlent d’eux-mêmes : produire son karaté, réussir de beaux combats, progresser chaque jour… et gagner, aussi (sourire). »
Anthony Diao / Sen No Sen