Ce lundi 20 mai 2019, la Fédération Française de Karaté dévoile son nouveau site internet ffkarate.fr «relooké» et restructuré afin…
Jeux mondiaux : ce qu’il faut retenir
Quatre médailles dont deux titres pour les FrançaisDeux jours de compétition, douze catégories, quatre-vingt-dix athlètes parmi les meilleurs mondiaux… Tel fut le décor des épreuves de karaté de ces Xes Jeux mondiaux, organisés à Wroclaw (Pologne). Dans lequel l’équipe de France termine deuxième nation derrière le Japon, avec deux titres et deux médailles de bronze.
Pas comparable aux « vrais » Jeux mais… Rassemblant chaque année post-olympique depuis 1981 des milliers d’athlètes de disciplines non olympiques comme la gymnastique rythmique, le squash ou l’escalade, mais aussi des sports comme le bowling, les boules ou le korfball, les Jeux mondiaux ne possèdent évidemment pas la même aura que le « grand frère » olympique. Néanmoins, il fallait voir dans cette épreuve « un avant-goût de ce qui attend le karaté à Tokyo dans trois ans, comme l’explique Olivier Beaudry, l’entraîneur national qui a accompagné les huit Français retenus pour concourir. Le format de la compétition, avec une phase de poules puis les premiers et deuxièmes qui se croisent en demi-finale, le tout sur une seule et même journée, était identique à celui des JO, ce qui a offert un coup d’avance pour ceux qui ont pu y participer. On a pu voir qu’il y avait un aspect stratégique à affiner en poules où, parfois, un nul peut suffire pour se qualifier tout en éliminant un concurrent dangereux. » L’heure n’était cependant pas aux calculs aussi loin de l’échéance olympique, qui plus est à six mois du début de la période de qualification, « là où tous les rendez-vous compteront ».
Bien pour prendre un avantage psychologique. Au regard du plateau proposé en Pologne, il fallait tout de même se retrousser les manches pour bien figurer, alors que la saison fut particulièrement longue et éprouvante pour les athlètes, pour la plupart occupés dernièrement par leurs partiels ou le début de leurs vacances. « La préparation s’est appuyée sur beaucoup de travail individuel et, si certains ont manqué de partenaires et de confrontation pour arriver aiguisés sur ces Jeux mondiaux, je suis satisfait de l’engagement que tous ont montré, poursuit Olivier Beaudry. Ceux qui ont performé ont ainsi pu, d’un point de vue psychologique, marquer des points sur leurs adversaires, qu’ils retrouveront forcément dans la course aux tickets olympiques. En revanche, pour ceux qui ne se sont pas montrés sous leur meilleur jour, j’espère que ces contre-performances vont entraîner des réactions en vue de la rentrée, là où, je le répète, il faudra commencer à répondre présent. »
Montrer que le karaté rapporte. En attendant, avec les quatre récompenses décrochées sur cette édition, les karatékas tricolores se sont montrés à la hauteur de l’événement. « C’est une très bonne chose que de démontrer que le karaté est un bon pourvoyeur de médailles, sous les yeux du chef de mission et des dirigeants du CNOSF qui nous ont suivis pendant ces deux jours et qui étaient heureux de nos performances, se réjouit Olivier Beaudry. Étant donné que nous ne sommes pas encore sport officiel à Tokyo, mais avec de grandes chances d’être présents en 2024 si Paris obtient l’organisation des JO, c’est toujours un plus pour notre discipline de se distinguer sur ce type de rendez-vous internationaux multisports. » Au total, le karaté tricolore en est désormais à trente-trois médailles, dont neuf titres, en dix éditions des Jeux mondiaux, depuis l’épreuve de Santa Clara en 1981, lors de laquelle Bernard Bilicki et Marc Pyrée avaient notamment décroché des médailles d’argent.
« Envie de remettre ça dans trois ans ». Éliminé d’entrée aux derniers championnats d’Europe, qu’il abordait comme tenant du titre, Steven Da Costa avait de longue date coché ce rendez-vous dans son agenda. « J’avais vraiment soif de revanche et de victoire en arrivant ici, après un mois de préparation à haute dose, avec deux entraînements par jour, au club avec mon père, explique le jeune de l’USL Mont-Saint-Martin. En finale contre Jordan Thomas (champion du monde en titre, NDLR), il n’a pas fallu commettre la moindre erreur, car il n’attendait que ça, et je suis ravi d’être venu à bout de ce gros objectif que je m’étais fixé. Surtout qu’avec la médaille d’or, j’ai vécu de bons moments derrière au Club France, où les athlètes, réunis tous ensemble, sont mis en avant, ce qui est forcément valorisant. Ça donne inévitablement des idées pour Tokyo, où je me verrais bien présenter une médaille du même métal… »
« Me faire davantage confiance »
Pour Alexandra Recchia, l’autre médaillée d’or du groupe France qui, elle aussi, était passée au travers de ses championnats d’Europe en Turquie, c’est dans l’état d’esprit proposé à Wroclaw qu’elle doit s’appuyer pour la prochaine olympiade que se présente. « Totalement concentrée sur la compétition, et non sur la dimension de “ Jeux ” que représentait cette épreuve, j’ai réussi, avec le peu d’entraînements spécifiques karaté effectués ces dernières semaines, à revenir à la base, en m’appuyant sur mon physique pour me montrer conquérante et opportuniste, sans attaquer à tout va, analyse la championne du monde 2016. J’ai su être patiente, recentrée sur l’essentiel pour ne pas laisser de place au doute. Et pour une bourrue d’entraînement (sic) comme je le suis, cette victoire est un signe fort qui me montre qu’il faut que je me fasse davantage confiance, en m’écoutant et en écoutant le staff qui cherche toujours à me préserver du surentraînement. L’expérience accumulée doit me servir pour continuer de performer, en plus de la fraîcheur physique et de l’envie que je dois conserver pour les trois ans à venir, qui s’annoncent comme une véritable course d’endurance, avec de nombreux obstacles. »
« Il fallait assurer la médaille ». Victorieuse à Cali en 2013, Sandy Scordo avait à cœur de prouver sa valeur après sa non sélection en individuels pour les mondiaux de Linz en fin d’année 2016. Si la technicienne ne parvient pas à conserver son titre, elle s’offre toutefois du bronze au terme d’une journée globalement maîtrisée. « Si le premier tour en poule fut délicat contre l’Américaine (victoire 3-2), j’ai vraiment déroulé par la suite (deux fois 5-0 contre la Néo-Zélandaise Anacan et la Polonaise Chmielewska), dedans et avec les crocs pour aller loin. Sur la demie (contre l’Espagnole Sandra Sanchez, triple championne d’Europe en titre, NDLR), on avait mis en place une stratégie avec mon entraîneur Ayoub Neghliz, qui était de garder Unsu, mon kata de finale que je maîtrise le mieux, pour assurer la médaille, qu’elle soit d’or ou de bronze. Je suis donc partie au culot sur Kanku Sho, tentant le tout pour le tout. En face, Sanchez, qui avait perdu 3-2 avec son Suparinpei contre la Japonaise en poule, est restée dans sa logique et a présenté son meilleur kata, Chatanyara Kushanku, face à moi. J’y ai cru mais ça n’a pas suffi (défaite 0-5). Je finis quand même sur le podium avec la manière (5-0 contre l’Américaine Kokumai), prouvant ainsi que je suis bien la n°3 mondiale actuellement. Ça pose le cadre pour la suite ! »
« De nouveaux axes de travail ». Unique médaillée (de bronze) de la seconde journée de compétition, Anne-Laure Florentin a de son côté pu tirer le maximum d’enseignements des ses deux duels perdus contre la championne du monde japonaise Uekusa et l’Iranienne Abbasali, également sur le podium de Linz l’an passé. « Mon objectif sur ces Jeux mondiaux était avant tout de travailler sur ces combattantes-là, sans réel objectif de résultat. En forme physiquement, je regrette un peu de ne pas avoir réussi à mettre en place ce que je voulais faire, malgré un bon démarrage contre l’Iranienne, que j’avais toujours battue jusque-là, avant un changement de tactique qui lui a donné les points pour me battre. À moi de tirer les bons enseignements et les bonnes conclusions, pour modifier la donne contre ces filles et ne pas refaire ce genre d’erreurs au moment des qualifications olympiques. Il valait mieux que ça arrive ici d’ailleurs… Après, je suis satisfaite de revenir avec une médaille qui, avec les trois autres récoltées par l’équipe, prouve que peu importe la compétition, quel que soit le niveau, le karaté français répond présent. C’est important si l’on veut perdurer dans l’olympisme, le meilleur moyen pour nous et pour le karaté d’évoluer. »