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Décryptage
Le responsable de l’arbitrage français, Bruno Verfaillie, revient du grand rendez-vous mondial et il nous fait le point sur les modifications qui s’annoncent. Il va falloir se préparer : la règle du Senshu va largement modifier la dynamique du combat.
Quels sont les changements que l’on peut attendre au niveau national concernant l’arbitrage ?
Pour cette année, il n’y a pas de changement majeur. Ce qui est sans doute un bon point pour la stabilité du travail des arbitres. La seule modification à signaler concerne les catégories poussin, pupille, benjamin. Désormais ils peuvent faire deux katas. Ça va permettre de gagner un peu de temps sur la formation. Par ailleurs, nous avons décidé, en début de saison, d’un test écrit, concernant l’arbitrage combat et kata, qui impliquait plus de deux cents arbitres, pour faire l’analyse d’éventuels points de faiblesse dans la connaissance de la réglementation et y remédier par le travail. Ce test a eu lieu tôt en début de saison et c’était une bonne idée car cela a fait beaucoup de bien : on a pu constater sur les deux événements de début de saison, la Milon Cup et la Le Hétet Cup que les arbitres étaient plus concentrés et plus justes. D’habitude, on a une petite période de flottement, là ça n’était pas le cas.
Rien de neuf cette année donc ?
Si, bien sûr ! La nouveauté cette année, c’est que nous avons prévu deux sessions pour l’examen B, les arbitres prévus pour aller au niveau national. Nous avons déjà soixante-quinze inscrits et ça peut encore monter. Nous avons constaté que faire l’examen sur une seule session, ce n’était pas assez rigoureux. Désormais, nous répartissons entre la coupe de France cadets juniors à la mi-décembre et l’Open de France cadets-juniors qui a lieu début janvier. On aura ainsi deux groupes restreints pour un examen de qualité. L’examen d’arbitre confirmé A, aura lieu en avril sur le championnat minime et sur le championnat junior. Nous avons déjà cinquante-cinq inscrits. Nous allons aussi accentuer notre effort dans la direction des jeunes.
Les stages calqués sur ceux que nous donnons aux adultes ne fonctionnent pas très bien. Nous avons donc réfléchi à une formation plus ludique que nous présenterons au stage national le 22 novembre. Nous avons inventé des jeux, des façons de transmettre. Ce sera aux responsables de ligue de s’approprier ça. Enfin, il faut féliciter Franck Chéreau et Jean-Marie Grenouillet, qui viennent de valider aux championnats du monde leur nouveau statut d’arbitres mondiaux.
Quel changement devons-nous attendre au niveau international ?
Il y a en un très important. À partir de janvier, nous allons appliquer la nouvelle règle du « Senshu » : elle donne un bonus pour le premier point et supprime donc presque totalement les situations d’égalité. Pour être clair, si c’est le rouge qui marque le premier point et qu’à la fin du temps, les deux combattants sont à égalité 3-3, le rouge l’emporte, grâce à ce bonus « Senshu ». Il n’y a donc plus d’égalité possible, sauf en cas de marque double. Cette nouvelle règle sera appliquée début 2017, donc au Premier League de Paris. En France, si la règle donne satisfaction, on ne l’adoptera pas avant fin 2017 – début 2018. D’autres règles ont été adoptées, de moindre portée. Pour le combat, la règle du Atoshi Baraku passe de dix secondes à quinze secondes, période pendant laquelle une sortie volontaire sera sanctionnée d’une double pénalité. Nous allons aussi faire en sorte que la règle de la disqualification des deux combattants après dix secondes d’incapacité à se relever soit plus claire pour le public, de façon à éviter les phases de flottement comme on en a connues notamment sur l’Open de Paris avec le combat Aghayev – Dona. Désormais, l’arbitre central indiquera ostensiblement le décompte en montrant les secondes restantes avec ses doigts. Ce sera plus visuel. Là encore, on expérimente d’abord à l’international
Et pour le kata ?
Pour le kata, en phase finale, la surface d’expression sera unie, sans les marques de la surface combat. Les techniques de ciseau à la tête, jugées trop dangereuses seront interdites dans le bunkai et leur utilisation entraînera la disqualification. Enfin, le fait pour une équipe de se faire remarquer par trop de bruit ou de mouvement dans la phase d’attente sur le côté est désormais un cas de faute sanctionné dans le verdict des juges.
Emmanuel Charlot