Les valeurs ont du sens. Elles irriguent et nourrissent la…
Décryptage
Tout au long de la saison, Le Mag’ de la FFKaraté va à la rencontre des professeurs afin de recueillir leurs avis et conseils sur des sujets qui concernent le plus grand nombre d’entre vous. En ce mois de septembre, dédié au retour sur le tapis, nous avons voulu connaître leurs clés pour réussir la rentrée.
Roger le Moal, professeur au Granville Karaté Kai (Manche), fondé en 1987 (240 licenciés)
« Adopter un double langage »
« Trois mots-clés me viennent à l’esprit avant chaque rentrée : organisation, organisation et organisation ! Je mets l’accent dessus car, pour un club comme le nôtre, qui est le plus important du département en termes de licenciés, l’anticipation est primordiale. Les dossiers d’inscription sont soigneusement préparés en amont, tout comme les fiches comportant toutes les informations pratiques (tarifs, horaires, différents cours proposés, etc.). Nous communiquons aussi beaucoup, via notre site internet, notre page Facebook et surtout le forum des associations. Nous profitons de cette échéance pour effectuer une démonstration qui, généralement, attire ensuite de nombreux curieux à notre stand.
Toute cette organisation concerne en premier lieu les membres du bureau. Le professeur, quant à lui, doit avant tout se focaliser sur son premier cours, un rendez-vous majeur pour les enfants qui souhaiteraient nous rejoindre. Avec ce jeune public, il faut d’emblée insister sur l’importance du code moral, du salut et de toutes les autres règles en vigueur au sein du dojo. En général, les parents ne sont jamais très loin. Il est donc nécessaire de les rassurer quant aux contenus des séances, tout en veillant à ne pas décourager les enfants. En somme, le professeur doit adopter un double langage, à ajuster en fonction de son public. J’encourage d’ailleurs les jeunes entraîneurs à se rapprocher d’enseignants plus expérimentés. Eux ont l’habitude de ce moment si particulier qu’est la rentrée. »
Christophe Harchen, professeur au KC Surgérien (Charente-Maritime), fondé en 1979 (60 licenciés)
« Notre rôle, c’est de les séduire »
« La première chose à laquelle il convient de penser, c’est la date de reprise des cours. J’estime qu’il vaut mieux éviter de démarrer trop tôt car, début septembre, les gens ont la tête à la rentrée scolaire et le karaté risque de passer au second plan. C’est sans doute la raison pour laquelle je n’avais pas beaucoup d’adhérents sur le tapis lors de la première séance. Mais je ne me fais pas de soucis : les effectifs gonflent ensuite tout au long du mois de septembre, avec quelques nouveaux membres. Chaque année, ils sont une dizaine de novices à vouloir découvrir notre discipline, mais seulement la moitié d’entre eux restent jusqu’à la fin de la saison. Leur motivation peut flancher, c’est pourquoi nous devons chercher à les séduire d’entrée, en leur proposant, dès leur premier cours d’essai, un panel d’activités propres au karaté aussi large que possible.
J’insiste sur cette notion de séduction. De nos jours, les gens ont tendance à se lasser très vite et cherchent à changer d’air assez fréquemment. Les disciplines de combat comme le krav maga ont la cote, notamment auprès des jeunes. Notre rôle, c’est de montrer à ces futurs adhérents que le karaté est à la base de toutes ces pratiques. Malgré son aspect au premier abord rigide et traditionnel, notre sport est extrêmement riche, et c’est cette richesse que nous devons promouvoir dès la rentrée. Par ailleurs, je conseille aux professeurs d’être à l’écoute de leurs élèves, afin de saisir au plus vite ce que chacun recherche quand il vient s’entraîner. En individualisant l’apprentissage, l’enseignant crée des conditions propices à la progression de tous. »
Laurent Nasuti, professeur au KCLK Levens Club Karaté (Alpes-Maritimes), fondé en 2005 (60 licenciés)
« Rapidement intégrer les nouveaux éléments »
« Levens est une petite ville de moins de cinq mille habitants, ce qui ne m’empêche pas d’accueillir de nouveaux adhérents chaque année ! Je fais en sorte de leur proposer des ateliers variés dès la rentrée, ce qui leur permet d’avoir un rapide aperçu des différentes facettes du karaté. J’attache également beaucoup d’importance à l’intégration de ces nouveaux éléments. Dès leur arrivée, il faut aller vers eux, engager la conversation, les accompagner, leur faire comprendre que la solidarité et l’entraide sont deux piliers inamovibles au sein du club. Je ne tolère pas qu’un adhérent récemment inscrit reste tout seul dans son coin, sur le tapis comme dans le vestiaire. Cette intégration dépend tout autant de moi que des élèves présents depuis plusieurs années.
Sur la soixantaine de licenciés du club, plus de la moitié sont des jeunes. La première chose à faire, c’est donc d’expliquer aux parents tous les détails techniques relatifs aux cours. Ensuite, je m’accroupis pour discuter avec l’enfant, chercher à comprendre ses motivations et ce qui l’a conduit à vouloir faire du karaté. Et si, après une ou deux séances, cela ne lui plaît pas, ce n’est pas grave ! Je lui conseille alors d’aller tester d’autres arts martiaux. Je connais bien ceux qui s’occupent des autres structures dans notre commune, et il n’est pas rare que des pratiquants passent d’une discipline à l’autre. Quoi qu’il en soit, la mission du professeur sera réussie si, à l’issue du premier cours, les nouveaux adhérents quittent le dojo avec le sourire. »
Raphaël Brosse / Sen No Sen
la rédaction