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Pôle Relève : l’avenir se prépare maintenant (partie 1/2)
Vingt-quatre jeunes diamants bruts polis au quotidien au CREPS de Chatenay-MalabryDans l’ombre du Pôle France Karaté 2020 déjà complètement tourné vers les Jeux olympiques de Tokyo, le CREPS de Châtenay-Malabry accueille une autre structure. Le Pôle France Karaté Relève, c’est son nom, regroupe des jeunes dotés d’un fort potentiel et promis à un bel avenir. Immersion au cœur de la perf’, mais pas que. Un reportage à lire ce mardi avant un deuxième volet ce jeudi.
Long terme
Ils s’appellent Adrien, Pierre, Fanny, Ugo, Maëva, Raybak, Charline… À l’aube de cette saison 2018-2019, ils sont vingt-quatre, âgés de quatorze à vingt ans, à avoir pris leurs quartiers au sud de la capitale. « L’idée, c’est de prendre les meilleurs de ces générations afin d’en faire des champions, résume Lionel Nardy, l’un des deux entraîneurs de la structure. Le fait de les rassembler alors qu’ils font partie de clubs différents permet déjà de créer une certaine émulation. » « Nous souhaitons les aguerrir, faire en sorte qu’ils deviennent des compétiteurs chevronnés et les aider à se constituer une expérience qui leur sera utile quand ils seront chez les seniors. L’idée, clairement, est de ne pas perdre de temps, voire d’en gagner là où c’est possible », ajoute le champion d’Europe et du monde 2000 Cécil Boulesnane, co-responsable de ce pôle. Une vision sur le long terme donc, avec Paris 2024 dans un coin de la tête. Avec deux entraîneurs qui apportent un vécu, des expériences différentes, mais une même exigence. Janick Poupée, professeur de Pierre Lavaud au Budokai Brive, connu pour la qualité technique de ses combattants, sait le chemin qu’il reste à parcourir pour son jeune protégé et l’a envoyé en Île-de-France pour progresser avec un message dans le sac. « Mon expérience m’a montré qu’il y avait deux catégories d’athlètes talentueux : ceux qui peuvent sortir de la route à tout moment et ceux qui resteront dans le droit chemin, pour la simple et bonne raison qu’ils sont impliqués à 100% dans ce qu’ils font. Pierre fait partie de ces derniers. Il était un exemple au club pour cela. Je suis persuadé qu’il va encore progresser au pôle. Il sera peut-être parfois dépassé, mais je lui dirai de ne surtout pas lâcher. Et je vais peut-être moi aussi apprendre de ce qu’il va apprendre là-bas ! »
Écoute
Une histoire de dosage, de transmission, comme le confirme Lionel Nardy qui a rejoint le pôle dès 2015. « Tout au long de mes études (licence STAPS, puis Master d’Entraînement à l’Université Paris-Est Créteil avant le professorat de sport brillamment décroché en juillet dernier, NDLR), j’ai eu la chance de rencontrer des professeurs issus de divers sports, collectifs comme individuels, analyse l’ancien international des +80kg. J’ai appris énormément de choses en échangeant avec eux. J’ai évidemment des convictions personnelles, mais je pars du principe qu’un bon entraîneur doit avant tout être à l’écoute, explique-t-il. Je parle avec chacun, nous avons la responsabilité de comprendre leurs besoins puis de mettre tout en œuvre pour les aider à atteindre leurs objectifs. »
Double projet
Plusieurs facteurs ont été pris en compte par la Direction technique nationale et les entraîneurs au moment d’établir la liste de ceux qui devaient intégrer la dernière promo de cette structure. « Bien sûr, nous nous penchons sur les performances réalisées par ces combattants avec leur club, explique Lionel Nardy. Les tests que nous leur avons fait passer en avril nous ont permis de confirmer nos choix pour ceux qui présentent un réel potentiel. Mais être performant à cet âge n’est pas suffisant. Nous sommes aussi très attentifs à leurs résultats scolaires, ainsi qu’à leur attitude en cours. Le double projet, au pôle, ça veut vraiment dire quelque chose. Il doit y avoir quelque chose au bout. Former des hommes et des femmes, c’est notre mission. Nous allons les accompagner pour qu’ils brillent sportivement, mais il est absolument nécessaire pour eux d’avoir un double projet. » « Parce qu’ils ne deviendront sans doute pas tous champions du monde d’abord, précise Cécil Boulesnane. Et parce que, même s’ils y parviennent, il faut les accompagner pour préparer leur vie. Une carrière, c’est dix ans… Nous sommes passés par là, nous continuons nous-mêmes à nous former, nous avons aussi été confrontés, pour certains, à une après-carrière qu’il a fallu imaginer. C’est essentiel. Plus tôt on le comprend, mieux c’est. D’autant que c’est un point d’équilibre important, une soupape aussi. »
Dépassement de fonction
Entre les cours et les séances d’entraînements, les journées sont longues pour les jeunes karatékas. La fatigue peut s’installer et, quand les résultats ne suivent pas, la lassitude risque aussi de s’immiscer. « Un petit découragement peut arriver très vite, prévient Cécil Boulesnane du haut de ses quarante-trois ans. Il suffit d’une non-sélection pour une compétition, d’une mauvaise note en cours ou d’un petit coup de blues en raison de l’éloignement de la famille pour que le moral en prenne un coup. Nous devons être vigilants afin de percevoir tout signe avant-coureur. » Le dialogue occupe ainsi une place primordiale. « Nous devons nous adapter à ce public particulier, avoue Lionel Nardy. Régulièrement échanger avec eux, tenir compte de leur état de forme, de leur éventuelle fatigue mentale, de ce qu’ils comprennent mal parfois… » Un encadrement qui va bien au-delà des murs de la salle d’entraînement. « Notre mission ne se limite pas aux exercices que nous effectuons sur le tapis, confirme Cécil Boulesnane. Nous devons avoir une vision très globale de la situation de chaque jeune, savoir si tout se passe bien en cours, s’il est intégré, s’il a des amis, etc. Tout compte, des entraînements aux résultats scolaires, en passant par le bien-être quotidien. »
La suite de ce reportage est à lire jeudi ! Restez connectés !
Raphaël Brosse / Sen No Sen