Portrait d’arbitre : Héloïse Fort-Morot
À 38 ans, Héloïse Fort-Morot est une femme qui a réussi à trouver un équilibre personnel grâce à l’arbitrage. Elle qui fut compétitrice par le passé – avec un titre de vice championne de France corpo au compteur – est aujourd’hui arbitre nationale, et 3e dan de karaté. Elle revient pour nous sur son parcours dans l’arbitrage et les bienfaits que cela lui a apporté.
Comment l’envie de pratiquer le karaté est-elle venue ?
Eh bien, tout a fait par hasard je dirais ! Il y avait un club à côté de chez moi et je connaissais l’existence du karaté car mon père avait pratiqué. C’est donc ainsi qu’à mes 13 ans j’ai poussé la porte du dojo à Riom (Puy-de-Dôme) et que, depuis, je n’ai jamais arrêté, ni quitté le club !
Qu’est-ce qui vous donné envie d’entrer dans l’arbitrage ?
C’est mon professeur et mentor, Jean-Marie Granouillet, qui me suit depuis quasiment mes débuts en karaté, qui m’a proposé de venir essayer l’arbitrage. Je me suis dit « pourquoi pas passer du côté obscur pour voir ce que ça donne ! » (rires). C’était en décembre 2002 et je suis toujours là !
Qu’est-ce qui vous a plu et donné envie de rester dans l’arbitrage ?
La passion ! C’est aussi passionnant que d’être compétiteur, sauf que nous sommes de l’autre côté du miroir. J’ai la même approche avec l’arbitrage que les athlètes avec la compétition. On travaille pour s’améliorer, pour être meilleur que la fois précédente, pour ne pas réitérer des erreurs passées… C’est une autre facette de la compétition, toute aussi passionnante.
Quel a été votre parcours ?
Ma motivation pour devenir arbitre nationale s’est forgée lorsque j’ai participé pour la toute première fois à des inter-régions. Il s’agissait d’un niveau de compétition à mi-chemin entre les ligues et le national, et voir le niveau m’a vraiment donné l’envie de poursuivre et de travailler pour progresser et devenir arbitre nationale ! En plus, à Clermont-Ferrand, nous accueillons des compétitions nationales, et j’étais donc convoquée pour aider aux tables, en backstage etc… mais ces expériences ont surtout confirmé mon envie d’aller sur le tapis et d’arbitrer moi-même ! (rires) ,Aujourd’hui je suis arbitre A nationale combat et arbitre nationale kata. Des titres que j’ai respectivement passés en 2008 et 2015.
Et vos projets pour l’avenir ?
Je n’ai pas de projets précis en tête, on verra ce que l’avenir me réserve. À court terme, je souhaite surtout devenir encore meilleure au niveau national, je souhaite vraiment faire partie des meilleurs arbitres nationaux en exercice. Après, si les choses doivent se faire, elles se feront, mais je ne fais aucun plan sur la comète.
Qu’est-ce que cela vous apporte sur le plan personnel ?
C’est la revanche d’une grande timide maladive et stressée ! Quand on est au centre et qu’il faut trancher, il faut mettre sa timidité et son stress de côté. Il faut décider, s’imposer et assumer. Dans ma vie professionnelle, je dois également parfois m’imposer auprès de personnalités compliquées, et l’arbitrage m’a aidé en ce sens. Je pense même que les gens qui ne me connaissent que depuis que je suis arbitre nationale, ne doivent pas imaginer mon passif de timide maladive ! L’arbitrage m’a appris à apprivoiser cela, à prendre confiance en moi… c’est un vrai bénéfice.
« L’arbitrage est une vraie passion, chaque moment est heureux »
Quel est votre plus beau souvenir d’arbitre ?
J’ai plusieurs bons moments en tête. D’abord, dès que je vois mon nom sur une convocation pour une grosse compétition ou pour une finale, car c’est un gage de confiance, de reconnaissance, et c’est une belle récompense à mes yeux. Cette année, j’ai également été convoquée pour la première fois à l’Open de Paris pour officier dans les coulisses. Là aussi je me suis dit que c’était une belle récompense de mon engagement dans l’arbitrage.
Sinon il y a des combats intenses et très techniques dont je sors épuisée. Contrairement aux compétiteurs, nous n’avons pas la fatigue physique, mais la fatigue mentale. Nous sommes tout aussi engagés qu’eux dans la compétition, mais différemment ! Ces moments sont toujours de bons souvenirs.
Enfin, si je dois vraiment, à ce jour, choisir un moment d’arbitrage, je citerais ma première convocation sur un championnat de France combat seniors. C’était à Lyon, et je faisais partie de l’équipe arbitrale en charge de départager deux équipes pour le bronze. Pour ma part, le combat que j’ai arbitré était très intense et technique au niveau réglementation. J’en suis sortie épuisée mentalement, mais vraiment heureuse, car on m’avait prouvé qu’on me faisait confiance. Pour moi, l’arbitrage est une vraie passion, chaque moment est heureux.
Auriez-vous un conseil aux personnes qui n’osent pas encore se lancer dans l’arbitrage ?
Pourquoi ne pas essayer ! Les équipes arbitrales sont composées de gens passionnés et humains. On partage de vrais bons moments, et on rigole beaucoup ! (rires). Sur le tapis ce ne sont pas cinq individualités qui exercent les unes à côté des autres, mais bien une équipe, les pièces d’un même puzzle… On s’entraide, on s’accompagne. Si on se trompe, on recommence et on réussit ! L’arbitrage est une école de la vie. Tout le monde peut se tromper, il suffit de recommencer, de travailler, et on atteint la réussite. Et cette façon de faire, on la retrouve dans tous les domaines, pas uniquement dans l’arbitrage.
Héloïse Fort-Morot
Débuts dans l’arbitrage : 24 ans
Région : Auvergne Rhône Alpes
Arbitre A Nationale combat
Arbitre Nationale kata
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