Ce lundi 20 mai 2019, la Fédération Française de Karaté dévoile son nouveau site internet ffkarate.fr «relooké» et restructuré afin…
T. Nagura : « Nous sommes prêts ! »
Le patron du karaté japonais fait le point sur Tokyo 2020De passage récemment dans les locaux de la FFKaraté pour deux jours de réunion de l’état-major de la WKF, le secrétaire général de l’instance internationale Toshihisa Nagura témoigne de l’effervescence croissante dans son pays à moins de deux ans et demi des Jeux olympiques de Tokyo.
Quelle est l’atmosphère qui règne au Japon alors que les préparatifs des Jeux 2020 se poursuivent ?
Tout le monde est au diapason. C’est quelque chose de tellement spécial que cela dépasse les athlètes, les coaches ou les officiels de la fédération, qui ont la chance d’avoir vu le karaté être ajouté au programme olympique. Cela marque une profonde différence dans la tête de nombreux Japonais, qui se mettent à regarder et à s’intéresser à notre discipline, pourtant traditionnelle chez nous. Clairement, cela lui donne une nouvelle dimension. Je vous donne un exemple : avant l’intégration du karaté dans le programme olympique, quand je contactais les médias pour obtenir des articles sur le karaté, mes interlocuteurs s’excusaient et me répondaient qu’ils n’étaient pas intéressés. Maintenant, on en voit un peu partout et continuellement, y compris dans les plus grands quotidiens du pays ainsi qu’à la télévision. En cinq ans, les occurrences sur Internet ont bondi de dix mille fois je crois ! C’est juste épatant !
«C’est très gratifiant d’œuvrer au quotidien pour une si belle quête, qui fera assurément date dans l’histoire du karaté.»
Pensez-vous qu’il s’agisse d’un regain d’intérêt pour la discipline ou simplement d’une découverte ?
Les Japonais ont tous déjà entendu parler de karaté mais ils n’en ont jamais vraiment eu sous les yeux, et pouvaient se faire de fausses idées à ce sujet. Maintenant, ils comprennent que cela participe à une bonne éducation et que c’est bon pour la santé physique, de l’enfance jusqu’à un âge avancé. De cinq ans à plus de quatre-vingt-dix ans, on peut pratiquer sans s’arrêter. Autant de messages transmis par les médias qui entraînent ce vif intérêt venu d’une population jusque-là hors de la famille du karaté. Et cela se voit aussi dans les dojos, particulièrement chez les enfants qui sont de plus en plus nombreux à s’essayer au karaté.
Dans quel état d’esprit êtes-vous personnellement ?
Si cela ne fait que cinq années que je fais partie du bureau de la WKF, je pratique le karaté depuis près de soixante ans. C’est avec une vraie excitation que j’ai travaillé à ce que le karaté soit retenu comme discipline olympique à Tokyo. Maintenant que c’est le cas, mes motivations sont les mêmes pour tout mettre en place de notre mieux. C’est beaucoup de travail, mais c’est aussi très passionnant. Car dans un coin de ma tête, il y a déjà les Jeux olympiques de Paris en 2024. Si nous parvenons dès à présent à installer le karaté aux Jeux de 2024, et si possible à ceux de 2028 à Los Angeles, nous aurons de bonnes chances d’y figurer pour toujours, et notre rêve deviendrait réalité. À Tokyo de mettre en évidence toutes les valeurs de notre sport pour rendre possible le maintien du karaté parmi les épreuves olympiques de Paris 2024. Avec Antonio Espinos (président de la WKF, NDLR) et Francis Didier, cela fait partie de nos principaux ordres de mission. C’est très gratifiant d’œuvrer au quotidien pour une si belle quête, qui fera assurément date dans l’histoire du karaté.
D’après vous, quelles seront les clés du succès des débuts olympiques du karaté ?
Le karaté, de lui-même, est un mélange de tradition et d’innovation. Ce sont deux éléments sur lesquels la WKF travaille énormément. Derrière, le fait d’avoir à la fois du kata et du combat, les deux volets de l’identité du karaté, est fondamental. Nous avons suffisamment attendu notre tour, et nous serons prêts pour cette grande première ! (Les épreuves de karaté auront lieu au Nippon Budokan, NDLR)
Qu’en est-il des athlètes de l’équipe nationale ?
Je profite de cette question pour exprimer, au nom de la fédération japonaise, mes remerciements les plus chaleureux envers la Fédération française qui a accepté d’accueillir notre équipe nationale pendant deux mois de stage en début d’année. Cela va beaucoup les aider. J’ai vraiment apprécié l’ouverture d’esprit de votre fédération qui a permis ce rassemblement, ce qui a réjoui notre directeur des équipes nationales que j’ai croisé à son retour. Pour les plus jeunes en particulier, qui maîtrisent le karaté et ses habiletés techniques, cela va venir combler un défaut d’expérience hors du sol japonais. Et cela ne se passe pas que sur le tapis, tant le fait de vivre ces semaines hors de leurs bases va leur offrir beaucoup en tant qu’être humain, au-delà de leur condition d’athlète et de karatéka. Rares sont les Japonais qui ont pu connaître ce type d’aventure dans leur vie, et c’est fantastique pour eux. Ils s’en serviront assurément pour briller à domicile dans deux ans… et ce sera un bagage pour le reste de leur vie.
Propos recueillis par Antoine Frandeboeuf / Sen No Sen