Ce lundi 20 mai 2019, la Fédération Française de Karaté dévoile son nouveau site internet ffkarate.fr «relooké» et restructuré afin…
Le karaté français honoré par le Japon
Dirigeants du karaté français et experts japonais en France étaient conviés il y a quelques jours à l’Ambassade du Japon pour un moment aussi solennel que fraternel.
« Je suis heureux que nous soyons réunis ici pour honorer votre contribution au développement des relations entre nos deux pays et je la salue chaleureusement. Je vous prie d’accepter ce diplôme en signe de reconnaissance de mon pays et de mon gouvernement ». C’est en ces termes que Masato Kitera, Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire du Japon en France a remis, il y a quelques jours, à Francis Didier, en tant que président de la FFKDA, le prix du Ministre des Affaires Étrangères du gouvernement japonais. Un moment symbolique destiné à souligner l’implication de la FFKDA dans le développement du karaté. Au cours d’une réception feutrée donnée dans sa résidence rue du faubourg Saint-Honoré, à quelques numéros de l’Élysée, l’Ambassadeur, s’il s’avouait peu connaisseur d’arts martiaux sur le plan technique, n’a pas caché son plaisir d’avoir à remettre ce prix. « C’est très agréable, car cela vient saluer l’engagement de centaines de milliers de pratiquants, sincères.» « C’est bien le karaté français, celui des clubs, des professeurs et des bénévoles que vous honorez en me remettant ce prix » soulignait pour sa part Francis Didier.
« Les Européens voient souvent immédiatement dans les arts martiaux beaucoup plus de choses que nous alors que ces disciplines sont nées chez nous »
Deux pays éloignés qui se comprennent
« Je ne suis pas karatéka moi-même », poursuivait l’Ambassadeur en aparté. « À l’école, j’ai d’ailleurs pratiqué le kendo entre 13 et 18 ans. Mais j’ai aussi observé les karatékas et ce que j’en ai retenu, c’est que c’est exigeant et que ça fait mal, confiait-il un peu plus tard dans un sourire, alors qu’Enzo Montarello effectuait un Kanku Sho au milieu des invités. En revanche, je comprends ce que le karaté suscite comme engouement en Occident, avec mon expérience en Europe (Mr Kitera a passé beaucoup de temps en France et en Belgique notamment depuis son premier séjour de l’Hexagone alors qu’il avait 6 ans, lui qui est fils de haut fonctionnaire, NDLR). Les Européens voient souvent immédiatement dans les arts martiaux beaucoup plus de choses que nous alors que ces disciplines sont nées chez nous. La spiritualité attire beaucoup les Français, et quelque part, ils nous révèlent à nous-mêmes. Nos deux peuples, séparés de 10 000km, avec des histoires, des cultures et des langues très différentes, se comprennent bien et s’apprécient.»
Francis Didier salue trois hommes clés
Francis Didier a, pour sa part, profité de l’occasion pour saluer trois hommes clés, trois Japonais. Inazo Nitobe d’abord, docteur en agronomie et en droit installé aux États-Unis, auteur de Bushido, l’âme du Japon, « absolument pas karatéka, ni celui qui serait à l’origine d’un Code du Bushido que l’on cite souvent à tort, mais celui qui a identifié sept vertus dont le judo, et le karaté qui faisait alors partie de la même génération, ont fait leur code moral », expliquait Francis Didier. Le président de la FFKDA citait ensuite Takashi Sasagawa, le président de la Fédération japonaise de karaté. « Il a beaucoup œuvré pour que le karaté fasse partie du projet des Jeux olympiques à Tokyo, en 2020. Nous y serons – et en 2024 à Paris je l’espère !–, grâce à son travail et aux énergies que nous avons mises en commun.» La prise de parole de Francis Didier s’est terminé par un remerciement chaleureux et appuyé à Toshihisa Nagura, actuel Secrétaire Général de la WKF, 7e dan et président du Dojo de Keio, celui de Gishin Funakoshi. « Toshihisa a lui aussi a beaucoup œuvré pour que le karaté devienne une discipline olympique, un statut qu’elle mérite. Il a apporté ses connaissances, avec un travail très important avec le gouvernement japonais et auprès du Comité International Olympique.»
Des réponses à la société moderne
Prenant la parole en japonais – lui qui parle parfaitement l’anglais pour avoir vécu aux États-Unis et à Hong-Kong, Toshihisa Nagura saluait « ce plaisir de voir le karaté évoluer, tout en conservant la tradition et l’histoire qui font sa force. Être réuni ici est un joli symbole de l’unité qui nous a permis de relever ce grand défi de l’olympisme qui doit surtout être compris comme la reconnaissance de notre sport comme l’une des disciplines majeures dans le monde.» Alors que deux élèves d’Hiroshi Aosaka, invité, réalisaient une démonstration de Shorinji Kempo, l’Ambassadeur Masato Kitera, pointait l’avenir autant que le présent : « Le karaté incarne cette rigueur, cette tradition, le respect du au partenaire, au dojo, sans oublier l’ouverture et le contrôle de soi. Ces valeurs là sont universelles et elles se transmettent dans vos dojos. Je sais que la société japonaise ne permet guère de continuer à pratiquer au-delà de l’Université comme c’est le cas ici en France où les gens sont des milliers à en faire pour le plaisir à 30, 40, 50 ans ou plus. Même au-delà de l’aspect sportif et de la pratique sur le tatami, le karaté et les arts martiaux proposent un message fort à nos sociétés modernes, qui se cherchent parfois. Aussi devons-nous soutenir la pratique et la mettre en valeur comme ce soir.»