UNE SAISON AVEC… AU COEUR DU QUOTIDIEN DES CLUBS
Deuxième épisode de votre feuilleton avec les trois structures que vous allez suivre toute l'annéeLe temps de cette saison 2018-2019, Le Mag’ FFK va tâcher de prendre le pouls du karaté français, à travers le regard de trois clubs répartis sur l’ensemble de l’Hexagone. Trois quotidiens, autant d’enjeux et d’attentes qui convergent vers une seule et même espérance : transmettre la discipline.
Association Culturelle et Sportive Chuong Qwan Khi Dao La Seyne-sur-Mer (Var)
Automne en mode diesel pour le club varois, lequel a décidé de profiter de ce quatrième trimestre 2018 pour mettre sur pause les compétitions des adultes, et inciter les enfants à aborder leurs échéances sans autre pression que celle de préparer au mieux les « vrais » rendez-vous de la saison. Une approche réfléchie et progressive qui aura néanmoins permis à sept benjamins, minimes et cadet du club de s’illustrer le 9 décembre lors du championnat Zidca-Arts martiaux vietnamiens, véritable coup d’envoi de la saison de l’ACS-QKD, en attendant le Challenge Roger Grammondi prévu en ce mois de janvier à Ollioules. En octobre, par ailleurs, l’ACS-QKD avait pris part à la Chuong Race, course d’obstacles organisée à Hyères par le vieux complice Maximilien Cartelle. Cet événement fut l’occasion pour les participants de prendre « une leçon de vie », selon les mots de Serge Chaudy. Le professeur évoquait par ces mots l’intense performance de Lyam, rescapé un an plus tôt d’un terrible accident de moto. « Il a fait preuve d’un courage immense et de beaucoup de détermination pour se remettre. Son objectif était de faire la course d’obstacles de dix-sept kilomètres avec un dénivelé copieux. Il l’a terminée, et avec le sourire ! Jamais il ne s’est plaint. Il a montré l’homme qu’il était devenu : un bon jeune plein de lumière, simple, gentil, souriant et qui ne lâchera jamais rien. »
Forte d’une telle source d’inspiration, la vie du club se poursuit, alternant moments de convivialité (Pasta Party de novembre, sortie des ceintures noires en décembre, trail, interclubs mensuels « en bonne intelligence » pour la préparation physique), soutien à la préparation des échéances du printemps prochain des jumeaux M’Roivili et… réflexions conjointes de Maximilien et Serge autour d’un challenge sportif pour l’un et d’un stage de préparation physique et tactique sur l’île de Porquerolles. Le but ? « Casser les routines et s’isoler pour travailler dur et en plein air ». Affaire à suivre.
COS Villers-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle)
« Un démarrage exceptionnel ». De 127 licenciés en 2017-2018, le club pointait déjà à 110 adhérents en décembre, et vise les 130 d’ici la fin de la saison. Principaux facteurs de croissance avancés par l’équipe dirigeante : le succès non démenti des sections baby karaté et krav-maga. Celui-ci s’ajoute au bouche-à-oreille qui, au fil des décennies, a fait de cette institution régionale une halte appréciée des bons combattants en goguette dans la région. Côté sportif, à l’image des résultats « pas bons » de ses ouailles mi-décembre à la Youth Cup de Venise (Italie) – premier tour sec pour Margaux Duval, Ismail Cicek et Quentin Dartois, deuxième tour avec la sélection française face à une tête de série croate pour Fanny Zucker, deuxième tour encourageant aussi en kata cadets pour le novice Mattéo Buisson, l’automne 2018 aura été plus laborieux qu’à l’accoutumée pour les troupes meurthe-et-mosellanes.
En katas, les premières sorties de la saison à Carcassonne, en Belgique et au Luxembourg voisins auront laissé entrevoir autant de promesses que de points à travailler, notamment lorsqu’il s’agit de franchir le palier lors des compétitions à enjeu. Message bien reçu par un espoir comme Mattéo Buisson qui, pendant les fêtes de fin d’année, a demandé à bénéficier de huit créneaux d’entraînement personnalisé en plus de ceux prévus par le club. « C’est à ce prix que se passent les caps » se réjouit, attentif, le 7e dan Pierre Bichard-Bréaud. Même son de cloche en combat où, malgré un beau début de saison à la Coupe Le Hétet, à l’Open Adidas ou à l’Open de Liège, les représentants du clubs ont semblé quelque peu marquer le pas le 8 décembre à la coupe de France juniors d’Orléans. « Il y a des choses à améliorer tant au niveau technico-tactique qu’en matière de stratégie », estime l’ancien champion d’Europe Jeff Tiercy, l’un des trois adultes à ne pas avoir hésité à faire dix heures de bus pour les accompagner jusqu’à Venise. « Perdre une compétition, cela peut arriver. Mais il doit y avoir une remise en question et une détermination à ne pas faire deux fois la même erreur. Certains de nos combattants sont engagés dans un parcours de sélection. À nous de les accompagner au mieux pour leur permettre de progresser à chaque séance, et donc à chaque sortie. »
Académie de Karaté et Disciplines associées de Chevigny-Saint-Sauveur (Côte d’Or)
Ponctué par la prometteuse septième place (sur 130 combattants) de Yanis Lamotte à la Youth League de Venise, qui faisait suite à ses trois podiums à l’Open Adidas et aux coupes de France juniors et seniors, l’automne de l’AKDC s’est achevé sur la sélection de ce dernier pour représenter la France en février 2019 aux championnats d’Europe d’Aalborg (Danemark). Une heureuse nouvelle pour ce combattant et son club formateur.
Un club bourguignon qui possède plus d’une corde à son arc, à l’image de sa section para-karaté animée par Richard Manfredini. « Nous avons souhaité la mettre en place il y a un an en partenariat avec un institut médico-éducatif de Chevigny, déroule l’enseignant. Nous accueillons une fois par semaine au dojo des enfants, âgés de sept à douze ans, atteints de troubles autistiques.
À raison de six au maximum, ils montent avec nous sur le tapis en compagnie de leurs éducateurs. À court terme, le but est de leur permettre de réussir à se concentrer cinq minutes par heure. À plus long terme, l’objectif est de parvenir à les inclure avec des neuro-typiques. » La démarche tient d’autant plus à cœur à Richard Manfredini qu’il est lui-même papa d’un enfant autiste, présent à ces séances sur le tatami de l’Ogive. Une double casquette de père et de professeur qu’il préfère définir en un mot, celui de « guide ». « C’est un public que l’on voit encore peu dans les clubs. Le but ici n’est pas d’atteindre la ceinture noire mais de sortir ces mômes de leur quotidien. Leur offrir un cadre, une atmosphère et surtout des encouragements et de l’attention. »
Anthony Diao / Sen No Sen