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Mondiaux jeunes, les 5 points à retenir (1/2)
L’analyse des championnats du monde cadets/juniors/espoirsLa jeune génération française était opposée à Santa Cruz de Tenerife en Espagne la semaine passée à la fine fleur du karaté mondial. Cinquième nation en 2015, la France, pourtant première nation européenne au championnat continental en février, est cette fois septième. Comme en 2015, c’est le trio Japon, Égypte, Turquie, qui fait la course en tête dans ces catégories d’âge. Que retenir de cette campagne espagnole ? Avec le concours du Directeur Technique National Dominique Charré et du Directeur des équipes de France Yann Baillon, l’essentiel en cinq points.
1. Un championnat de transition
Avec un DTN reprenant les rênes depuis la fin mars, un Directeur du haut niveau, Yann Baillon, désigné en octobre et une équipe d’entraîneurs sans beaucoup de repères collectifs, le haut niveau français est dans une phase de transition, le moment typique de réorganisation qui prépare à lancer une nouvelle dynamique. Dans trois ans, c’est Tokyo, et le karaté français est déjà au cœur du sujet. Pas une seconde à perdre pour entamer la marche en avant à l’assaut du premier objectif défini par le DTN Dominique Charré et son Directeur du haut-niveau Yann Baillon : la maîtrise de la « ranking-list » mondiale pour l’élite senior, amenée à beaucoup sortir pour faire face à cet objectif à la fois crucial et incertain.
Et ces championnats du monde des jeunes ? « Il est clair que nous n’en avons pas fait une priorité », confirme le DTN Dominique Charré qui analyse : « Nous n’avons pas sélectionné Steven Da Costa, déjà entièrement tourné vers les enjeux seniors, sur lesquels nous nous sommes beaucoup focalisés. Pour ces championnats du monde, il y avait finalement deux équipes en une : les espoirs, déjà engagés pour la plupart dans un travail journalier au Pôle de Châtenay-Malabry dans une perspective de haute performance, et une équipe cadets-juniors qui est arrivée sur ce championnat avec deux week-ends de préparation seulement. De ce point de vue, c’était intéressant de voir comment ils allaient défendre leurs chances avec leur bagage technique hérité du club et leur approche mentale personnelle. Ce résultat ne nous satisfait pas, mais il est instructif : les athlètes déjà présents à Châtenay sont performants, et c’est une excellente nouvelle, les autres ont été globalement loin du niveau ».
2. Une opposition de plus en plus affirmée
Il faut dire que la France avait à faire à une opposition de plus en plus dense et déterminée. Le Japon est intouchable avec dix-huit médailles, mais surtout onze finales et dix titres ! Ils avaient déjà fait presque aussi bien en 2015. Ensuite, il y a un second groupe avec surtout l’Égypte et la Turquie, mais aussi l’Iran, l’Espagne, chez elle, qui tourne autour de dix médailles, et décrochées de ce groupe, l’Italie et la France à six médailles. Pour cette fois, la France, pourtant meilleure nation européenne, est en queue de ce peloton de tête. « Même si cette compétition n’a pas beaucoup souri à nos représentants, nous sommes à notre place et c’est ça le plus frustrant », martèle Yann Baillon, le Directeur des équipes de France. « Aujourd’hui, l’Égypte en tête, ces pays font travailler leurs jeunes de façon systématique et nous sommes pour l’instant relégués dans ce registre ».
Le chiffre qui parle le plus clairement : combattants et techniciens ensemble, la France a rencontré huit fois l’Égypte… et ne l’a emporté qu’une fois, pour sept défaites. Difficile de briller dans ces conditions. Mais quel est le secret de la dynamique actuelle de ces pays leaders ? « L’Égypte, d’une façon générale a des combattants plus aguerris, comme les Iraniens, mais elle présente aussi un profil type sur lequel ils sont tous calqués, avec comme stratégie de base de prendre le premier point systématiquement. Portés sur l’attaque, ils partent de loin et sont excellents avec le bras avant. Quand ils ont marqué, ils laissent venir en se protégeant avec la jambe. C’est simple, mais c’est très rodé, très bien fait, et nous, avec notre karaté plus attentiste, on se fait balader ». Une supériorité rédhibitoire ? « Bien sûr que non, il y a beaucoup de choses à faire pour les contrecarrer, en prenant plus l’initiative de les presser, ce qu’ils n’aiment pas, par exemple. On voit d’ailleurs qu’ils sont un peu moins dominants en espoirs, déjà, et en seniors ils n’ont toujours pas converti le leadership qu’ils ont chez les jeunes ». Et le Japon ? « Il n’y a plus de profil type chez les Japonais, ils développent un karaté varié, mobile, très européen avec beaucoup de techniques de jambes. C’est au niveau de l’intensité, de l’esprit de combat, de l’engagement qu’ils font vraiment la différence, en plus de leur supériorité en kata. Mais cette détermination est à double tranchant. Cela donne l’impression qu’ils veulent être partout, tout le temps. La bataille olympique est de longue haleine, il faudra être malin et hiérarchiser les objectifs. J’ai été frappé, par exemple, par le fait qu’ils ne gagnent pas l’or en kata en espoirs, avec des techniciens qui sont pourtant déjà les n°2 seniors ». À la fin, ce sera en seniors qu’il faudra compter les points en or, en argent et en bronze.