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Pôle Relève : l’avenir se prépare maintenant (partie 2/2)
Vingt-quatre jeunes diamants bruts polis au quotidien au CREPS de Chatenay-MalabryDans l’ombre du Pôle France Karaté 2020 déjà complètement tourné vers les Jeux olympiques de Tokyo, le CREPS de Châtenay-Malabry accueille une autre structure. Le Pôle France Karaté Relève, c’est son nom, regroupe des jeunes dotés d’un fort potentiel et promis à un bel avenir. Immersion au cœur de la perf’, mais pas que. Deuxième volet de ce reportage à lire ce jeudi, tandis que la première partie est consultable ici.
PARTIE 2 (cliquez ici pour retrouver la première partie de ce reportage)
Trouver de l’opposition
Côté tatamis, les jeunes pépites croisent, cela fait partie du grand projet du karaté olympique, le chemin de leurs aînés. « Les athlètes avec un gros potentiel et présents depuis un petit moment vont pouvoir s’entraîner régulièrement avec les membres du Pôle France Karaté 2020, confirme Cécil Boulesnane. Cela les fera progresser, tout en offrant une adversité nouvelle aux seniors. » Jean-François Tiercy (COS Villers-lès-Nancy), professeur de Fanny Zucker et d’Ugo Heim (désormais au SC Bobigny, NDLR) sait combien le mental et l’équilibre comptent, surtout à cet âge. « Je sais ce que je dois mettre en place pour les faire progresser techniquement et tactiquement, mais tous les exercices du monde ne servent à rien si le mental ne suit pas. J’en ai vu, des combattants dotés d’un très gros potentiel qui n’ont jamais su franchir le cap parce qu’ils n’étaient pas assez forts psychologiquement pour faire des efforts sur la durée. Le palier qu’ils franchissent est nécessaire parce que le risque, c’est que ces jeunes stagnent s’ils ne trouvent pas une opposition qui leur permet d’engranger une expérience quotidienne qui leur sera forcément bénéfique dans les prochaines années. » Sylvain Bergé (KKC Lattois-Métropole) a formé Adrien Bourgue (désormais au Club arlésien de Karaté Do) pendant trois ans. Les entraînements copieux et quotidiens, il connaît mais sait que son élève peut aller plus loin. « Adrien est un combattant très tonique et vif. Il a toutefois tendance à s’emballer et à se laisser emporter par sa fougue. Je pense justement que le fait d’intégrer le Pôle Relève va lui faire passer un cap, qu’il va apprendre à se canaliser davantage pour être encore plus efficace. »
Enthousiasme et lucidité
Le Pôle Relève vient en cette rentrée de souffler sa première bougie. L’occasion de faire le bilan de l’année écoulée, avant de se lancer pleinement dans cette nouvelle saison. « Je ne retiens que du positif, s’enthousiasme Cécil Boulesnane. Tous les jeunes qui étaient avec nous l’an dernier ont voulu poursuivre l’aventure. Cela prouve qu’ils prennent du plaisir et que notre travail porte ses fruits. Les résultats sportifs ont été encourageants et, en plus, les parents n’ont pas eu à se plaindre des bulletins scolaires ! » S’il a lui aussi particulièrement apprécié l’exercice passé, Lionel Nardy préfère adopter un point de vue plus pragmatique. « Tous ne peuvent pas prendre place sur la plus haute marche du podium, c’est une réalité, avance le Martiniquais de trente ans. Certains risquent d’être contrariés par des blessures, d’autres ne réussiront pas à franchir le palier qui mène au très haut niveau. Nous restons lucides par rapport à cela. »
Priorité à la technique
Cécil Boulesnane se sert de son parcours depuis le KC Cavaillon, où il a commencé à enseigner après avoir raccroché en 2007, avant de devenir entraîneur régional à Martigues, où se réunissaient, une fois par semaine, les meilleurs jeunes de Provence. « C’était un peu frustrant, parce que les plus prometteurs de ces jeunes rejoignaient ensuite les pôles nationaux », se souvient-il. « Mais maintenant, grâce au Pôle Relève, je peux travailler avec eux sur la durée. Mon ambition ? La technique au cœur du projet, clairement, explique celui qui a dû faire un choix de vie en quittant le Sud pour Châtenay-Malabry en 2016. Le détail, la précision technique, nous devons veiller à solidifier leurs bases techniques car, à partir d’un certain niveau, la vitesse ne suffit plus. » Et si le karaté a évolué depuis sa période d’athlète, la rigueur, elle, reste un point clé. « J’ai quarante-trois ans et, quand j’ai commencé, le karaté était un peu plus martial que maintenant, confirme le Vauclusien. Cela explique peut-être pourquoi je suis très attaché au respect des horaires, à l’assiduité, à la rigueur dont chacun doit faire preuve pendant la séance. Sauf consigne contraire, ils et elles doivent être à 100% tout au long de l’entraînement. Je sais que pour réussir, ils doivent apprendre à être exigeants envers eux-mêmes. »
L’envie de transmettre
S’ils ont emprunté des voies différentes au début de leur parcours d’entraîneur, Lionel Nardy et Cécil Boulesnane ont pour point commun l’expérience du haut niveau. Un élément sur lequel ils comptent bien s’appuyer. « Mon vécu m’apporte évidemment beaucoup, notamment pour ce qui est de la gestion du stress et des grands événements », assure ainsi Lionel. « C’est un atout indéniable en termes d’expérience, ajoute Cécil, qui a remporté l’or mondial et européen aussi bien en individuel que par équipes. J’essaie de m’appuyer sur ce que j’ai appris pour transmettre mon enseignement et éviter de commettre certaines erreurs. » Tous deux partagent aussi le même enthousiasme à l’idée de pouvoir transmettre à des jeunes remplis de rêves qui trusteront peut-être les premières places des podiums dans les années à venir. « Ce qui est super, c’est de voir tous ces jeunes aussi motivés et de pouvoir se dire qu’on peut leur apporter quelque chose, » s’enthousiasme Cécil. Y’a plus qu’à !
Raphaël Brosse / Sen No Sen